L'histoire :
Sous le soleil du Caire, en 1817, un homme à la barbe rousse enterre son ami dans un cercueil, sous le regard effaré de dignitaires britanniques. 11 ans auparavant, à Londres, le jeune Johan-Ludwig Burckhardt rentre dans sa misérable pension de famille le ventre vide, alors que sa lettre de recommandation a une nouvelle fois été refusée. Le jeune homme, qui a quitté la région de Bâle alors que la Suisse subit une grave crise économique, souffre du mal du pays. Il essaie de tisser des relations pour trouver un emploi, mais la crise touche aussi l’Angleterre et Johann Ludwig désespère. Pourtant, lors d’une réunion de l’Association africaine, il apprend de la bouche de Sir Joseph Banks que l’association manque de volontaires pour une mission très périlleuse : partir à la recherche de la source du Niger et visiter des régions désertiques pour récolter le maximum d’informations pour la couronne britannique. Alors qu’il est aux abois, Johann Ludwig propose sa candidature, qui est acceptée. Durant plus d’un an, il va apprendre la culture et la religion musulmanes, la langue arabe, la minéralogie. Il lit, étudie, renforce son corps. En 1809, il quitte l’île de Wight pour La Valette, sur l’île de Malte. Il continue son apprentissage pour partir discrètement à Alep, sous le nom de Cheikh Ibrahim Ibn Abdallah. Le début d’une odyssée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alors que Napoléon marche sur l’Europe, l’Angleterre au début du XIXème siècle place ses billes en Afrique. C’est un suisse francophone qui va lui permettre de faire parmi les plus grandes découvertes du siècle : la source du Niger, les temples égyptiens d’Abou Simbel, qui est aujourd'hui l’un des sites archéologiques les plus visités au monde et même l’antique cité nabatéenne de Pétra, oubliée depuis un millénaire. Presque trente ans après avoir fait paraître une biographie de Johan-Ludwig Burckhardt chez plein Sud en 1996, l’universitaire Danièle Masse produit un scénario très intéressant et bien mené, avec un séquençage qui laisse la part belle aux magnifiques paysages d’Alexis Vitrebert. L’album, long de plus de 150 pages, est envoûtant. Les vestiges du passé resurgissent dans des planches magnifiques, Bruckhardt évolue autant physiquement que psychologiquement. Son parcours fait de lui un autre homme, avec des valeurs et un comportement orientaux, mais une fidélité presque mécanique à l’Angleterre. Son voyage est rythmé par les guerres et les soulèvements locaux. Il s’arrête plusieurs mois dans des villes en attendant que des batailles cessent, il contourne des régions entières, fait des détours pour découvrir ou redécouvrir des régions oubliées… Finalement, son seul détour motivé par une envie personnelle, c’est celui par La Mecque, pour accomplir son pèlerinage musulman, alors qu’il a été élevé dans la religion catholique. Au final, c’est un album intéressant, bien mené et lumineux que nous livrent les éditions Delcourt.