L'histoire :
A la fin du XVIIIe siècle, l’esprit des lumières s’empare de l’Europe occidentale et aboutit aux révolutions sanglantes. En 1793, Toulon est alors le théâtre d’un combat qui voit les français (soutenus par Dame Aker) tenter de prendre le petit Gibraltar aux anglais (soutenus par maître Erlin). Aker manipule alors ses arcanes et une pluie torrentielle permet le coup d’éclat. Dans ce contexte, un homme, Sidney Smith, tente – en vain – de tuer un jeune caporal appelé Bonaparte. Les années passent, le pouvoir de Bonaparte se renforce. Ce dernier lance alors la France dans d’étranges conquêtes, notamment l’Egypte, d’où il souhaite rapporter une « aiguille » en pierre, incrustées de hiéroglyphes, pour l’ériger en plein Paris. Lors de cette campagne, l’un des ses hommes de main, le chevalier Lascaris, ordonne le bivouac à sa troupe auprès de la « seconde cataracte ». Tandis que, pris d’une étrange excitation, il se met à recopier sur une feuille de papier les sigles gravés sur les murs, ses hommes provoquent malencontreusement une véritable tempête surnaturelle en ces lieux occultes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans le 6e et avant-dernier épisode de cette série (trop) ambitieuse, Jean-Pierre Pécau poursuit son synopsis à l’aube du premier empire. Pour rappel, il s’agit de réécrire l’Histoire officielle en la reliant et en l’expliquant selon la lutte antique que se livrent 4 « archontes » à l’aide de leurs cartes magiques. L’épisode présent nous travestit donc l’ascension de Napoléon Bonaparte et ses liens avec les forces occultes. A ce tournant idéal de l’Histoire, Pécau relie par exemple la campagne d’Egypte à l’érection de l’obélisque sur la place où l’on guillotina en masse durant la terreur. Cette époque trouble se prête a priori fort bien au détournement de l’Histoire, puisqu’elle inspirera ensuite les mêmes auteurs à en faire une uchronie, Empire (3 tomes, chez le même éditeur). Pourtant, une nouvelle fois, le déroulé du récit est terriblement opaque. Il faudrait avoir à portée de main les ouvrages dont s’est inspiré le scénariste et réviser auparavant moult anecdotes… secrètes (vous connaissiez, vous, Sidney Smith ?). L’intrigue est tellement tordue, que Pécau finit même par s’embrouiller dans les dates ! Le dessin d’Igor Kordey n’arrange rien : si son style graphique se prête parfaitement à une série telle que Smoke (chez le même éditeur), il ne permet pas toujours ici de distinguer les différents protagonistes, ce qui ajoute au sentiment de confusion (selon l’angle et la distance, Smith ressemble à Lascaris qui ressemble à de Phélipeau). D’autant moins que, parfois, la couleur des uniformes (bleus pour les français ; rouge pour les anglais), n’est pas évidente… Dommage, car la couverture (Manchu/Vatine) est une nouvelle fois magnifique !