L'histoire :
Juin 1942, Curtis Hawke, capitaine de la Royal Air Force (et affilié à la Maison d’Erlin), survole l’Océan Pacifique à bord d’un bombardier. Le vol se fait à fleur de vagues pour éviter tout risque d’être repéré. L’objectif à atteindre : un atoll sous contrôle des « japs ». Ces derniers sont d’ailleurs mécontents, car leur allié allemand ne leur a pas fourni un jeu complet d’ivoires noirs (comme pour Pearl Harbor) qui protégerait leur flotte de toute attaque ennemie. Le problème pour les forces nazies est en effet de pouvoir concevoir des jeux en quantité. Tous doivent attendre que le site de fabrication T4 tourne à plein régime. Mais tout patient qu’ils soient, ils ne peuvent éviter l’assaut d’Hawk et la destruction de leur base secrète. Au QG, la nouvelle réjouit Erlin, même si le scepticisme de l’amiral, responsable du commandement, devant l’utilisation de sa panoplie de magicien, agace l’Archonte au plus haut point. Il fait pourtant à nouveau preuve de ses talents pour repérer la flotte japonaise et permettre son anéantissement… Au même moment, en Allemagne, dans une usine désaffectée de la Ruhr, deux jeunes résistants découvrent un triste spectacle : des milliers de dents en or, des centaines de scalps de femmes soigneusement alignés… Un peu plus tard, ils approchent un étrange labyrinthe constellé de signes mystérieux. Sans le savoir, ils viennent de découvrir le fameux site T4 où horreur et abomination permettent la création des cartes si recherchées. Cette découverte est bientôt transmise à Reka…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quelle idée ingénieuse que d’avoir imaginé une Histoire du monde parallèle où le hasard n’existe pas et où la succession des événements est le fait d’une fratrie qui tape le carton. Quand de surcroit le scénariste fabrique des ponts avec ses autres séries à succès que sont Arcanes et Arcane Majeur, on se dit qu’on participe à la création d’une œuvre sans équivalent. Néanmoins, au fil des albums, la complexité architecturale de l’ouvrage fragilise la base et fait craindre, si ce n’est l’effondrement, tout au moins l’essoufflement du lectorat. On se lasse… Las d’être contraint de reprendre la lecture des opus précédents pour s’y retrouver (au moins, on les aura amortis…), las de chercher à quelle maison appartient tel ou tel protagoniste, las de voir chaque événement systématiquement lié à l’utilisation d’un ivoire… Dans ce tome, au début de l’intrigue, si on se contente de se laisser bercer par le rythme de l’action, la lecture est plaisante. Mais à mi-course, on abandonne une piste sans donner plus d’explication et on part sur autre chose… On peut aussi regretter de ne pas voir se poursuivre les pistes développées dans le précédent volume. Que sont devenus certains personnages ? Bref, on finit là aussi par se perdre… Graphiquement, si incontestablement Igor Kordey est talentueux, son travail sur ce volume donne une nouvelle fois le sentiment d’avoir été bâclé. Et comble de malheur, la place des bulles sur les planches le valorise encore moins. Au final, beaucoup de regrets liés surement aux attentes suscitées par un si ambitieux projet. On attend maintenant la fin…