L'histoire :
En se réveillant aux côtés de Lotus, la prostituée avec qui il entretient une relation suivie, Mo entend des bruits de roquettes, inhabituels dans cette petite ville du sud Vietnam. La jeune femme le rassure et le regarde s'en aller, sans savoir quand ils se reverront. Pilote d'hélicoptère en charge des missions spéciales pour la CIA, il a le temps de participer avec son co-pilote à des transports carrément illégaux, qui leur rapportent beaucoup d'argent. Après avoir déposé à Saïgon une délégation internationale venue enquêter sur les bombardements récents, ils vont aller chercher deux kilos d'héroïne chez un baron local pour le livrer à un mafieux français. En arrivant sur place, ils réalisent que le trafiquant vietnamien semble se préparer à évacuer son camp. Quelques jours plus tard, leurs donneurs d'ordre leur demandent d'aller récupérer un officiel dans une ville toute proche qui vient de tomber face aux troupes du Nord. Ils réalisent alors que les années de vie facile seront bientôt derrière eux. Les Etats-Unis et le Sud Vietnam sont en train de perdre la guerre...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En faisant de son homme de l'année un pilote d'hélicoptère dans les tout derniers jours de la guerre du Vietnam, Jean-Pierre Pécau le plonge au milieu de missions dont l'enchaînement décousu reflète tout d'abord l'insouciance des trafiquants de tous poils, puis l'urgence de la débandade. Mo n'a pas une personnalité très forte, il incarne simplement un des nombreux occidentaux sans scrupules qui a profité de la vie facile dans un pays qui dépendait totalement de l'argent des puissances coloniales. Il incarne également la surprise des occidentaux dans les décennies de la décolonisation. Le scénariste décrit les dernières heures de bataille vues du côté de ceux qui n'y participent pas directement, et l'évacuation désordonnée des officiels. Les restaurants typiques où les américains vont se régaler de plats locaux, mais aussi les bars de nuit et les jeunes filles qui vendent leur charme, donnent une idée de l'atmosphère dans laquelle vivaient Mo et ses amis américains sur place. A leurs côtés, on va vivre la panique partagée avec les populations dont les villes sont attaquées. Daniele Fabiani recrée des images qui semblent parfois sorties des photoreportages d'époque, sur des couleurs très équilibrées de Jean-Paul Fernandez. Cette nouvelle plongée dans l'histoire récente, aux côtés d'un anonyme, n'est certes pas le plus original des 17 tomes de la série, mais tout cela se tient toujours très bien !