L'histoire :
Dans plusieurs régions de l'Ouest du pays, des disparitions d'enfants empoisonnent la vie des familles, faisant régner la peur et un sentiment d'impuissance. Une mystérieuse dame au visage voilé semble attirer les jeunes garçons et filles aux lisières des forêts. On l'appelle la Meffraye. L’évêque de Nantes fait appel au pape pour obtenir de l'aide, et voit bientôt arriver le chevalier Gwen de L'Hôpital, un homme à la réputation contestée, mais dont on imagine que les méthodes vont peut-être mettre fin aux disparitions. Le chevalier se fait très vite remarquer en prévenant le baron de Laval, le seigneur Gilles de Rais, d'un guet-apens qui l'attend dans une rue de la ville après une messe qu'il a fait donner dans la cathédrale de Nantes. Un premier contact qui lui permet d'entrer au service du puissant homme, admirateur de Jeanne d'Arc, qui vit dans le château de Tiffauges aux côtés d'une femme très belle, mystérieuse et très provocante. Gwen va petit à petit découvrir la personnalité du baron, mais aussi certains secrets cachés dans les murs du château. Le baron de Rais serait-il le responsable de tous les meurtres qui terrorisent la région ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une nouvelle fois, Jean-Pierre Pécau réussit, à partir d'un moment précis de l'histoire, à construire un récit structuré, crédible et prenant. Il a choisi cette fois la figure de Gille de Rais, baron condamné à mort pour le meurtre de nombreux enfants, et dont le nom a été associé au personnage de « Barbe Bleue » du conte de Perrault. En faisant entrer en scène le chevalier Gwen de l'Hôpital, un homme courageux à la forte personnalité, le scénariste met au second plan le contexte historique, et nous tient en haleine aux côtés de celui qui va petit à petit comprendre le sens de sa mission. Les enjeux de pouvoir entre les nobles, la puissance militaire de l'église, la justice au bout de l'épée, tout cela est très bien dosé pour nous plonger dans cette époque ancienne dès les premières cases. Et petit à petit, l'intrigue dévoile des subtilités inattendues, rendant encore plus savoureux ses personnages clés et leurs capacités de manipulation. Le dessin de Lajos Farkas est très précis, dynamique et fouillé. Il bénéficie des très belles couleurs de Jean-Paul Fernandez, les deux artistes nous offrent des ambiances nocturnes remarquables. Un nouvel album bien construit, soigneusement réalisé, qui bénéficie de l'aisance de son scénariste qui semble avoir trouvé dans la ré-écriture de l'histoire une source sans fin de créativité. Ce nouvel Homme de l'Année fait partie des tout bons de la série.