L'histoire :
Une journée de travail harassante s’annonce pour le boulanger Farynor, depuis peu reconnu par la cour d’Angleterre, alors qu’une cérémonie est prévue le lendemain. Cette commande exceptionnelle va lui donner du travail en continu et, bien évidemment, il ne peut la refuser. Lorsqu’il se couche, après une épuisante journée, il oublie de vérifier que son foyer est bien éteint. Débute alors un incendie qui va le forcer à évacuer sa maison en pleine nuit, puis faire descendre tout le quartier dans la rue. Les flammes se propagent rapidement, encouragées par la sécheresse exceptionnelle de cette fin d’été londonien de 1666. Lorsque le Lord Maire Bloodworth arrive sur les lieux, il considère inutile de faire abattre les maisons voisines, ce qui aurait permis à coup sûr de circonscrire le feu. Une décision forcément impopulaire, difficile à prendre pour le notable qui préfère flatter les voisins apeurés à l’idée de voir leurs biens sacrifiés. Alors qu’il était en charge de préparer la réception royale du lendemain, Lord Pepys consigne par écrit les premières heures de ce qui sera le grand incendie de Londres. Il réalise que le Roi lui-même doit en être averti au plus vite. La course contre les flammes est déclenchée, mais il est déjà très tard.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est cette fois accompagné de Nicolas Moustey que Fred Duval retrace, à travers le portrait d’un personnage, un des grands événements de l’histoire. Les scénaristes s’appliquent à mettre en scène le grand incendie de Londres qui dévasta la capitale anglaise en septembre 1666. La propagation irrésistible des flammes constitue la colonne vertébrale de l’album, chaque comportement individuel venant se confronter à l’incroyable catastrophe. L’initiateur du foyer qui a tout déclenché en étant le personnage principal involontaire, c’est essentiellement une portion de Mémoire collective qu’il nous est proposé de vivre dans ce récit dense et très lisible. En dehors du propos purement historique, les auteurs complètent leur intrigue avec des destins connexes qui donnent de la profondeur à leur album. Mais il est très difficile de faire exister autre chose que la terrible avancée du feu dévastateur, que le dessinateur Stevan Subic et la coloriste Scarlett Smulkovski projettent avec force dans d’impressionnants contrastes orange et noirs. L’album suit alors les tentatives désespérées des hommes pour limiter les dégâts, traduisant l’impuissance ou le courage, l’individualisme ou d’autres réactions peu glorieuses, mais terriblement humaines. Un album sans grande surprise narrative, mais dont la lecture impose la force de la réalité historique.
