L'histoire :
Le marquis de Fouquet et le Duc de Lauzun sont détenus dans le fort de Pignerol, sur ordre de Louvois, homme de confiance du roi Louis XIV. Exilé hors de France vers cette petite ville du Piémont, Fouquet a subi la disgrâce dans la seconde moitié du règne du roi Soleil, et il a été à l'exil hors de France. Les deux personnages sont certes privés de liberté, mais ils disposent de leurs propres appartements, et de petit personnel pour la vie quotidienne, ils se promettent même d'en réclamer davantage. Ainsi, un prisonnier va se voir promu au rang de valet de Fouquet, avec pour mission secrète de découvrir ce que l'ex surintendant aux finances comploterait encore contre Louis XIV. Pour Saint Mars, qui gère le fort et reçoit une somme d’argent pour chaque pensionnaire qui lui est confié, l'éventail s'élargit avec l’arrivée d'un prêtre congolais qui a failli provoquer une révolution dans son pays. Il occupera la cellule la plus sombre, et sortira tous les dimanches pour dire la messe en latin devant cette communauté hétéroclite. Pendant qu'à Paris, l'affaire des poisons touche à sa fin, certains détenus élaborent en secret des projets d’évasion.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Autour du mystère du masque de fer, pour son premier album, la scénariste Antoinette de Lornières nous plonge dans la vie quotidienne du château de Pignerol, lieu d'exil de personnages déchus des honneurs de la cour de Louis XIV. L'album débute sur le trajet du masque de fer dont, bien évidemment, on ignore l'identité. Le premier flashback vers Fouquet et les autres détenus de Pignerol ne nous en dit pas plus. Tout l'intérêt de l'album repose sur le lien qu'on attend entre les Fouquet, Lauzun et consorts et ce prisonnier transporté quelques années plus tard. On y viendra, mais bien plus tard, après avoir assisté à de nombreuses scènes assez savoureuses de dialogues et d'attitudes prétentieuses de ces nobles déclassés à qui on permet de vivre encore un semblant de prestige malgré leur statut. On découvre aussi la personnalité de Saint Mars, gouverneur de la prison et finalement, personnage central de cet album. Une petite révision historique avant de débuter la lecture sera salutaire pour se rappeler qui étaient notamment Fouquet, mais aussi ses rivaux autour du roi, et le contexte du règne après le procès de son ancien homme de confiance en 1664. A part ce côté un peu pointu, l'affaire est rondement menée, portée par un dessin réaliste vif de Vladimir Aleksic, et les couleurs de Scarlett Smulkowski qui complètent parfaitement le trait fin de son collaborateur. Comme toujours, ce nouvel album de L'Homme de l'Année nous offre un zoom sur un personnage de l'histoire et un mélange équilibré de moments inventés et de faits réels.
