L'histoire :
En Italie, en 1796, la France se bat contre l’Autriche. La bataille pour prendre le pont d’Arcole est particulièrement meurtrière. Bonaparte mène ses troupes et, par bravade, somme le porte-drapeau de franchir le pont et de planter les couleurs de la France sur le corps d’un Autrichien. Par miracle, le soldat, qui porte le nom de Gaillard, parvient à réaliser l’exploit. Finalement, le pont est pris par les Français et Gaillard est porté en triomphe. Le caporal Gaillard parade ensuite devant les soldats et loue le courage et la détermination de Bonaparte. En réalité, le caporal ne se bat pas pour le petit général, mais pour les beaux yeux d’une femme qui l’attend. Il se lie d’amitié avec le tambour Mariolle, une vraie force de la nature, avec lequel il va vivre de nombreuses aventures. D’Italie en Egypte, de la Russie à la Hollande, Gaillard et Mariolle vont traverser des années de batailles et de guerres au sein de la Grande Armée...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’homme de l’année 1815 n’est pas Napoléon Bonaparte, pas plus que Gabriel Gaillard. L’homme de l’année 1815 est bien le tambour Dominique Mariolle. Véritable colosse aux allures bourrues, Mariolle se situe entre la légende et l’Histoire. On dit qu’il aurait sauvé Bonaparte en plein combat, levé un canon au lieu du fusil habituel au passage de Bonaparte et obtenu bon nombre de distinctions honorifiques. Il était surnommé « l’indomptable », ayant survécu à de nombreuses blessures. Bonaparte lui-même lui aurait tiré l’oreille en guise de salut familier. Tant et si bien que le peintre David en a fait son portrait dans le tableau La distribution des aigles et qu’il a même une statue le représentant au Carrousel du Louvre. Cet homme hors normes est donc logiquement le sujet du troisième opus de cette série consacrée à des figures extraordinaires oubliées de l’Histoire de France. Au départ, on croit pourtant suivre le destin de l'intrépide Gaillard, d’une jalousie maladive envers ce Mariolle qui tient finalement la vedette. Avec finesse et subtilité, les auteurs brossent le portrait de ce personnage fascinant, tout en faisant mine de ne pas s’y intéresser. Le personnage de Gaillard permet d'apporter une opposition forte et belle à la figure lisse de Mariolle. Le scénariste Sébastien Latour distille des vérités historiques ça et là dans le récit, ce qui permet d'apprendre de grands et petits évènements qui ont ponctué le temps de Napoléon Bonaparte. Il est néanmoins dommage que cette série se refuse d’apporter un complément biographique sur le personnage étudié, dans un dossier annexe de fin d’album par exemple, car beaucoup d’allusions historiques passent de fait à la trappe. On pourra aussi regretter un manque d’originalité dans la découpe chronologique. En effet, chaque épisode n’est qu’une nouvelle bataille (dont certaines comme Waterloo ou la campagne d’Egypte sont devenues très célèbres) et ce procédé systématique devient vite lassant. Cependant, le dessin de Gin et les couleurs limpides de Pierre Schelle offrent une vision réaliste des combats de l’époque. Avec des plans larges, on peut admirer les champs de bataille, les armes de l’époque et les uniformes de l’armée française. Ce réalisme est un peu desservi par le rocambolesque d'épisodes de moins en moins crédibles. En effet, plusieurs évènements (comme les fausses morts de Mariolle) sont peu ou mal expliqués. L’idée de départ est donc porteuse et la légende de Mariolle vaut à elle seule le détour, mais on regrette quelques faiblesses scénaristiques. A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.