L'histoire :
Arminius est un légionnaire remarquable, combattant hors pair, qui s'illustre dans les affrontements contre les barbares que l'empire romain repousse pour agrandir son emprise. A la fin d'une bataille en Dalmatie, alors qu'il demande à un centurion de tirer pour lui le bilan des pertes humaines, il entend dans les propos du romain le mépris dans lequel il tient ceux qui sont, comme lui, des soldats d'origine étrangère. De retour au camp, une discussion avec Flavius, issu d'une très noble famille romaine, se transforme en bagarre. Au cours de celle-ci, le compagnon d'Arminius meurt d'un coup de son propre couteau. Le tribunal romain qui va juger Arminius sait qu'il a été provoqué par son compagnon d'armes, et que sa mort est accidentelle. Il mesure également les conséquences politiques de l'éventuelle mise à mort d'un chérusque, dont la position garantit la paix avec la Germanie. La décision du Sénat sera alors de ne pas juger le soldat, et de l'envoyer vers de nouveaux combats sur les terres de ses propres ancêtres. Sur le point de retrouver ses hommes et de leur annoncer leur nouvelle affectation, Arminius décide d'aller rendre visite à son frère qu'il n'a pas vu depuis plusieurs mois. En arrivant chez lui, il découvre le corps du jeune homme couvert de sang, accroché au mur de son domicile, un clou dans chaque main.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après une première page époustouflante dans la brume d'une forêt mystérieuse, le dessinateur Fafner donne le ton de la mise en scène de cet album. Epique, puissant et violent, son style s'épanouit dans les scènes de combat dont la chorégraphie travaillée rappelle les tableaux de la référence en la matière, le 300 de l'américain Frank Miller. Il mélange avec soin des photos retravaillées pour devenir le bord d'une rivière bordée de dizaines d'arbres, et les silhouettes très découpées de ses soldats sur leurs chevaux. L'ensemble n'est pas sans une certaine raideur, dans l'expression des visages notamment, souvent surjouées et figées dans leurs rictus. Le résultat est tout de même très beau, les couleurs très soignées et parfois délibérément surexposées de lumière ont une vraie touche d'originalité. Le héros du récit, quant à lui, évolue vers un destin unique annoncé dans le résumé de l'album en quatrième de couverture - qu'il n'est d'ailleurs pas très utile de lire. Le membre de la tribu germanique des chérusques va petit à petit retrouver la force de ses origines, et sentir monter en lui l'aversion à l'égard des pratiques barbares et de l'attitude méprisante des soldats romains. Le scénariste Jean-Pierre Pécau choisit de ne pas fonder son récit sur les derniers combats d'Arminius, mais sur les années qui l'ont conduit vers des choix individuels qui sont restés dans l'histoire. Une trajectoire semée de combats spectaculaires et d'affrontements individuels, racontée avec le souci du grand spectacle.