L'histoire :
Byron Peck revient d’une longue traversée du désert. Après être à nouveau tombé entre les griffes de son ancienne femme, il a failli perdre la vie. Alors qu’il s’occupe à recoller des morceaux de pots d’art indien, son ami Hoggard est entre la vie et la mort. Heureusement, une belle journée s’annonce grâce au docteur qui redonne de l’espoir à Byron. Il lui apprend tout d’abord que ces pots artisanaux viennent du Canyon de Chelly, où se terre une tribu navajo. De plus, son ami Hoggard, fort comme un roc, est revenu à lui et apte pour retrouver leur ennemie commune, Margot de Garine. La même Margot joue à nouveau de ses charmes pour remercier son « sauveur », le jeune et naïf Tim Bishop. Malheureusement, les mésaventures de la belle empoisonneuse sont loin d’être terminées : l’Indien qui s’est enfui avec le trésor les retrouve et ligote Tim Bishop. Il s’entretient longuement avec la belle Margot pour tenter de comprendre ses véritables motivations : pourquoi tenait-elle tant à retrouver le trésor volé par Manolo Cruz ? Le trésor cacherait-il quelque chose de plus précieux ? Margot va être obligée de se mettre à table et de revenir sur son passé… mouvementé !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir planté le décor dans un premier tome virevoltant, l’heure de faire les comptes a sonné ! Wilfrid Lupano n’est guère avare en éclaircissements dans ce tome 2 et le lecteur aura la joie d’apprendre tout le passé trouble qui unit Margot, son mari et son amant (le premier d’une longue liste !). Avec un pur talent de conteur, il parvient à alterner flashbacks et scènes d’actions pétaradantes (l’action est parfois même présente dans les flashbacks). Avec des planches remarquablement organisées où le dessin ciselé de Paul Salomone abolit les cases, le lecteur découvre l’étendue de l’intrigue qui n’a d’égale que la perfidie de son chef d’orchestre : la vénéneuse Margot de Garine. Toujours attirée par l’appât du gain, elle est prête à tout (et surtout au pire) pour s’enrichir. Le western se fait alors aisément spaghetti, à la sauce épicée, avec une galerie de personnages abjectes et amoraux : Byron Peck est un avocat qui n’hésite pas à briser la vie des autres pour l’intérêt de la compagnie ferroviaire ; Hoggard est un animal dénoué de raison… même l’indien Navajo est bien loin de l’image d’Epinal et n’a aucune morale. Seul Tim est un être « pur » dans un monde de brutes. Mais, ironie du scénario, c’est aussi le plus niais qui se fera manipuler par tous les autres. L’ironie, il en est fortement question avec Lupano. Les dialogues sont des moments savoureux de méchanceté gratuite ou de piques assassines… d’autant plus exquis qu’ils sont prononcés par des personnages hauts en couleurs et profondément atypiques. Dans ce western, on ne se flingue pas du regard ou des colts, mais bien par l’intelligence du langage ou pire… l’art de la manipulation. L’action est aussi prenante que tout le reste. Chaque évènement est ainsi parfaitement orchestré et les révélations savamment dosées. Ajoutez à cela un dessin moderne aux couleurs (trop ?) vives et au style précis et détaillé et vous aurez un renouveau du western à la sauce chili. Le tour de force est bien plus grand encore quand on sait que tout repose sur un magot (encore et toujours dans les westerns) qui n’est autre qu’un texte officiel sur le fameux deuxième amendement qui autorise les Américains à porter les armes… Une savoureuse façon de soulever une interrogation (malheureusement) fortement d’actualité...