L'histoire :
Égaré en pleine tempête de neige, un nourrisson dans les bras, un enfant trouve refuge dans la roulotte d’Ursus. Forain au bon cœur, Ursus est un vieil ermite philosophe et misanthrope qui vit en compagnie de son loup géant. Tandis qu’il lui offre une collation, Ursus demande à l’enfant de lui raconter son aventure. Les cheveux en pagaille, cachant son visage, l’enfant reste muet et dévore son repas. Il voyageait en compagnie de « comprachicos », des nomades parlant une sorte d’esperanto. Considérés par la société comme des parias, la troupe avait dû abandonner le plus vaillant d’entre eux, Hardquanone, lors d’une altercation avec les forces de l’ordre. Puis, après s’être écrasé en pleine tempête sur les récifs d’un littoral mortel, notre jeune héros devait errer sur une berge glacée, livré à lui-même. A la recherche d’un abri, il a alors trouvé un nourrisson enterré sous la neige, dans les bras de sa mère morte de froid, au pied d’une potence…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Vous trouvez étonnant que Jean-David Morvan n’édite pas cette version de L’homme qui rit d’après Victor Hugo au sein même de la collection Ex-libris qu’il dirige ? C’est pourtant logique : après quelques pages tournées, vous conviendrez qu’il s’agit ici d’une « libre adaptation », dans un univers clairement décalé, et non de la transposition fidèle de l’œuvre de Victor Hugo (comme l'exige Ex libris). Ce premier volume fut initialement publiée en 2003, sous le titre Lord Clancharlie. Si dialogues et dessins sont strictement les mêmes, la couverture est cette fois plus engageante et la nouvelle colorisation effectuée par le dessinateur rehausse nettement la lisibilité visuelle de l’ensemble. Au dessin et à la couleur, Nicolas Delestret livre donc une ligne graphique très mature, au trait acéré. La densité du découpage de Morvan aurait tendance à alourdir sensiblement la lecture… De la roulotte d’Ursus à l’aventure des comprachicos, puis de l’errance de Gwynplaine aux manigances du roi Jack, on saute de séquence en séquence, sans transition. L’univers dépeint est alors des plus baroques. Les architectures sont tantôt clinquantes (le palais), tantôt confinées voire « organiques » (la geôle). Le langage employé passe également d’un pur style littéraire romantique à une espèce de franglais-esperanto (qui reste compréhensible). Cette segmentation ne rend pas la lecture de ce premier tome des plus fluides. Notons enfin que le roman a déjà été adaptée en one-shot par Fernando De Felipe (chez Glénat), a contrario de cette version prévue en 4 tomes.