L'histoire :
En septembre 1944, un bombardier français survole la capitale polonaise en ruine et en flammes. Les pilotes de la RAF larguent au-dessus de Varsovie une douzaine de containers à destination de la résistance, espérant que dans ce chaos, ces ressources ne tombent pas entre des mains allemandes. Au moment de retourner vers leur base, les aviateurs se font canarder sur le flanc bâbord de leur appareil. Étrangement, ils reconnaissent leur ennemi : un PE2 soviétique, une nation devenue à l’époque une alliée ! Ils en déduisent que les russes ne sont sans doute pas totalement favorables à la résistance polonaise… Au sol, les caves de Varsovie servent de bunker à la résistance déprimée et à bout de souffle. Une jeune activiste, Sabina, s’inquiète de l’inanition des renforts russes qui leur étaient promis. Le commandant de la base lui explique que les allemands viennent de lancer une méchante contre-attaque, détruisant deux régiments de tanks soviétiques, et que les russes ont du se replier. Il va leur falloir encore tenir, sans vivres et en utilisant les armes récupérés sur les cadavres de leurs ennemis. Sabina propose d’emmener deux camarades, Adrian et Karol – des adolescents ! – pour récupérer les armes larguées dans des container par la RAF. A l’air libre, ils traversent des champs de ruine, craignant à chaque d’instant d’être la cible d’un tireur embusqué allemand. Leur déception est grande une fois qu’il réussissent à trouver et à ouvrir un container parachuté par la RAF…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour bien comprendre l’histoire authentique de cette insurgée de Varsovie appelée Maria-Sabina Devrim, il faut tout d’abord ne pas se tromper de contexte. Cette tragédie ne se déroule pas durant le « ghetto » de Varsovie (1943), à l’encontre de la communauté juive opprimée, mais lors de la débandade allemande du front ouest (l’insurrection d’août et septembre 1944), lorsque la résistance polonaise a cru que l’URSS voisine allait être un allié, un sauveur. Hélas… l’Histoire nous apprend que la Pologne a quitté un joug pour un autre. L’URSS voisine n’allait pas aider la résistance polonaise à gagner son indépendance. Dans le chaos civil et militaire qui règne alors dans la capitale polonaise, une jeune femme authentique et méconnue peut incarner cette résistance aussi désespérée que courageuse, Maria Sabina Devrim. Elle est toujours en vie aujourd’hui, elle est même prise en photo dans le cahier pédagogique final de ce second opus de la collection Histoire & Destins. Le scénario de Jean-Pierre Pécau est certes romancé, il colle aux faits. Il a été établi à partir d’une interview accordée par la résistante au magazine Guerres & Histoire (partenaire de la série), en 2014. Sous les crayons réalistes de Dragan Paunovic, l’insurrection de Varsovie ressemble à l’idée qu’on peut se faire de l’enfer sur Terre. Le décor est certes une succession de ruines et de délabrements, leur composition est systématiquement équilibrée, soignée, « esthétique », s’il est possible d’user de cet adjectif pour qualifier une telle tragédie. 15 000 insurgés et 250 000 civils y laissèrent la vie – 17 000 côté allemand. Avec le recul, il est possible de considérer la planification de cette vaine insurrection comme criminelle et intentionnelle – c’est du moins l’analyse aujourd’hui de Maria Sabina Devrim. En laissant un pays un peu plus ravagé et une population un peu plus anéantie par le sursaut allemand, elle profita essentiellement à Staline…