L'histoire :
Fin 1933, la France est ébranlée par l’affaire Stavisky, une escroquerie de plusieurs centaines de millions de francs en faux bons-au-porteur. A Paris, Simon Bernstein profite de son héritage et vit une vie mondaine de haut couturier. Sa sœur Sarah est inquiète des mouvements de foule qui s’en prennent aux « youpins » et qui réclament la tête du « juif » Blum. En Bretagne, quelques mois plus tard, on est loin des remous des grandes villes. Roger rentre de la ville où il fait des études. Irma, sa mère, qui ramasse des vers dans le sable, l’envoie à l’auberge de l’océan, où sa cousine Louison l’attend. Les deux jeunes gens sont amoureux depuis toujours. Ils partent à la plage avec le tandem de Fernand, le frère d’Irma, un arriviste malhonnête et violent, qui est le beau-père de Louison. Roger expose ses rêves à sa promise. Il veut devenir ingénieur et a abandonné l’idée d’être avocat. Elle veut devenir actrice. Mais les évènements vont précipiter les amoureux dans une réalité beaucoup plus dure…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Chantal Van Den Heuvel se lance un défi majuscule. Ecrire une tragédie familiale dans une France ballottée par la montée de la xénophobie et l’antisémitisme, des ligues fascistes d’une part, des luttes communes et la création du Front populaire d’autre part. La France des années trente est insaisissable, comme d’autres pays où le gouvernement aurait pu basculer dans des sens opposés. La foule en mouvement peut faire peur quand elle hurle mort aux juifs, ou rêver lorsqu’elle chante l’Internationale. C’est ce que nous décrit dans un prologue alléchant l’historienne Danielle Tartakowsky, qui participe de ces deux mouvements, sa famille ayant subi les premiers (et pire), elle étudiant les seconds. La petite et la grande Histoire sont mêlées, tant on suit les amours de Roger et Louison, et les craintes de Sarah et Simon. Les destins vont se croiser, les peurs et les espoirs aussi. Van den Heuvel crée une histoire agréable, portée par les dessins naïfs d’Anne Teuf et les couleurs de Lou. Un trait fin, simple, qui rappelle les bédés d’antan, avec des cadrages efficaces et une belle qualité de lecture. L’histoire se déroule, et alors que les individus sont au plus mal, l’espérance triomphe…