L'histoire :
L'année 1382 débute pour le roi Charles VI sous le signe des tentatives de rébellion qu'il faut mater pour garder le contrôle du royaume. Le jeune souverain de quatorze ans franchit la porte Martainville à Rouen pour montrer en personne que la révolte de la Harelle qui a débuté un mois plus tôt ne serait pas sans suite. Il fait symboliquement descendre les cloches qui avaient sonné la mobilisation, dont la fameuse Rouvel de la tour du Beffroi. Pendant ce temps, Louis de Male le Comte de Flandre compte bien châtier les bourgeois de Gand qui ont contesté son autorité. Avec ses fidèles de Bruges, ils partent à l'assaut en toute confiance, n'attendant pas les bonnes conditions pour assiéger le châteu où leurs adevrsaises sont réfugiés. Ce sera une cruelle défaite, Louis de Male va prendre la fuite. Paris n'est pas en reste avec un début de révolte contre les préleveurs de taxes, le jeune roi n'en a pas encore entendu parler, il vit en famille dans le château de Compiègne où ses conseillers tentent davantage de l'influencer que de lui permettre d'exercer tout son pouvoir en connaissance de cause. Lors d'un conseil qu'il a convoqué, Henri VI va tenter de peser le risque d'une alliance entre les gantois et la couronne anglaise. Il va prendre une décision radicale pour imposer sa marque.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il y a beaucoup de choses à raconter si on veut être exhaustif, et le choix de la scénariste d'expliquer puis de mettre en scène de nombreux moments clés de ce début de règne se paie assez cher en matière de fluidité. Certaines pages dépassent les vingt-cinq phylactères, soit parce que les personnages expliquent le contexte historique, soit parce que c'est le moment de faire vivre quelques instants en famille à Charles et son jeune frère entre deux mauvaises nouvelles. Même les albums de Blake et Mortimer sont moins bavards ! Ce deuxième tome donc très dense demande une vraie concentration, mais il réussit quand même à faire décoller le récit lorsque Henri VI décide l'expédition vers Gand. Tommaso Bennato, au dessin, envoie du très sérieux, des décors fouillés, des armées nombreuses. Sa collaboration avec le coloriste Hugo Poupelin est équilibrée, les scènes de la bataille qui se prépare sur les plaines des Flandres embrumées en sont un bel exemple. L'album est donc techniquement robuste mais il manque d'une accroche narrative. Nul doute que France Richemond, qui se spécialise dans la BD historique et s'appuie sur des dessinateurs solides, continuera de nous replonger dans nos livres d'Histoire à l'approche de la guerre de cent ans qui s'annonce. Mais, on l'espère, en donnant moins de détail et en nous offrant un peu plus de temps de contemplation.