L'histoire :
Un soir, alors que le fermier Jones rentre chez lui pour se coucher, les cochons font le guet depuis leur étable. Le calme installé, ils réunissent tous les animaux de la ferme pour sonner l’heure de la révolte. Le vieux cochon Major explique : il en a marre d’être exploité par l’homme. Il a fait le rêve que tous ensemble, ils chassaient les hommes pour instaurer leur propre organisation sociale 100% animale. Il unit tous ses camarades autour d’un chant irlandais appelé Bêtes d’Angleterre. Dans les jours qui suivent, le vieux major meurt, mais la graine de la sédition germe. Les animaux ne regardent plus Jones comme avant. Ils comptent bien profiter de la première occasion pour passer concrètement à la révolution. Les cochons restent les chefs de ce complot. A leur tête, Léon est peut-être encore plus virulent dans ses causeries nocturnes que Major. Et puis un soir, alors que le fermier rentre tard du bistrot, complètement ivre avec ses commis, ils oublient de nourrir leurs animaux. C’en est trop. Les animaux sortent de leurs étables et de leurs enclos et vont se nourrir par eux-mêmes en défonçant la porte de la grange à grains. Alertés par le bruit, Jones et ses commis ouvrent leur porte. Les animaux passent violemment à l’acte. Ils malmènent les trois fermiers et les boutent hors de la propriété à coups de sabots, de coups de cornes et de bec… Les voilà devenus maîtres de la ferme. Ils édictent aussitôt les 7 grands principes de la cause animale, qu’ils peignent en gros sur un mur de la grange…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Georges Orwell étant décédé en 1950, c’est tout naturellement que ses œuvres tombent dans le domaine public dès le début 2021. L’année a donc commencé par trois adaptations BD de 1984… et voici, à l’automne, trois adaptations successives de la Ferme des animaux ! Cette dernière adaptée par Rodolphe et Patrice le Sourd est sans doute la plus classique de toutes, tout en se montrant parfaitement accessible. Le dessin semi-réaliste se la joue truculent lorsque les vils cochons se muent en ignobles propriétaires terriens, à mesure que leur condition se rapproche dangereusement de celle des humains. Agencés par le savoir-faire de Rodolphe, le découpage rythmé et les cadrages impeccables obéissent à un classicisme efficace et d’accès grand-public. Les adultes pourront réviser – et les ados découvrir – cette « fable politique » intemporelle. Appliquée originellement à un anthropomorphisme caricatural, la morale est certes désespérée : plus on s’humanise, plus on se déshumanise ! Elle tue dans l’œuf toute étincelle de révolution, car le récit induit que les organisations sociales obéissent à des cycles infernaux : un système autoritaire remplace forcément la précédente tyrannie. En creux, l’autorité politique est forcément dégueulasse. Elle est toujours exercée par des manipulateurs, à des fins personnelles, au détriment du petit peuple exploité. Cochon qui s’en dédit ?