L'histoire :
Ce monde composé de vastes steppes, déserts et prairies est constamment balayé par un vent violent, perpétuel, parfois d’une violence inouïe. Il souffle toujours dans la même direction, de l’Est vers l’Ouest, depuis une mystérieuse origine. De fait, le culte humain repose entièrement sur cette origine de « l’extrême-amont », qu’il faudrait explorer pour en dompter la violence. Ainsi, régulièrement, depuis des siècles, de grandes cérémonies déterminent des équipes de volontaires spécialisés et formés pour remonter le flux et aller dompter cette source de vent. Aujourd’hui, les membres de la 34ème horde sont ordonnés en vaste séance, alors qu’ils ne sont encore que des adolescents. Le scribe Sov Strochnis, le prince Pietro Della Rocca, l’aéromaître Oroshi Melicerte, le traceur Golgoth… tous prennent la route en pack serré, face au vent. 27 ans plus tard, ils sont toujours unis, en remontant toujours péniblement en direction de l’extrême-amont. Le vent n’a pas faibli, ce qui indique que les 33 hordes précédentes ont échoué. Ils arrivent dans un village, dans lequel les habitants n’ont pas tous pu se réfugier sous terre, car les caves sont bondées. Mais Oroshi est formelle : un furvent se prépare, d’une violence sans pareille. La horde vote pour savoir s’ils doivent se protéger ou affronter le cataclysme…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’origine, La horde du contrevent est un roman écrit par le français Alain Damasio, souvent assimilé à un chef d’œuvre de la science-fiction. Pourtant, dès les premières pages, le lecteur de bande dessinée sera plutôt enclin à identifier cette adaptation à une quête d’heroïc-fantasy. Le monde que l’on découvre n’a en effet pas grand-chose de technologique et l’intrigue repose sur une prophétie, à laquelle se confronte une horde de héros : remonter le sens du vent, tels des saumons dans une rivière, pour en déterminer l’origine et le dompter. Le pitch est basique, mais tout ce qui va avec est diablement profond et efficace. D’une part, la psychologie des personnages est incarnée : chacun vit sa quête de l’extrême-amont de manière intime, selon son caractère et les attentes de sa lignée. Mais aussi, sans que l’auteur ait jamais besoin de le définir, tout un vocabulaire cohérent et technique a été créé (le pack, le furvent, la traine, le ressac…). Bref, tout le catéchisme de Damasio a ainsi été appris et digéré par Eric Henninot, qui propose ici une adaptation réfléchie de longue haleine, dans l’optique d’une saga sur 5 ou 6 tomes. Graphiquement, est-il encore nécessaire de qualifier la qualité du dessin d’Henninot, l’un des plus abouti du genre ? La prouesse tient autant dans la manière de dessiner quelque chose d’invisible – le vent, c’est de l’air ! – que dans l’extrême réalisme de tout ce qui arrive dans ce monde imaginaire terriblement prégnant. Damasio lui-même est fier de cette adaptation, il en signe d’ailleurs une préface fort élogieuse…