L'histoire :
Théodora, Claire et Lorenzo sont tous trois colocataires dans une maison étonnante : elle dispose de 100 portes ouvrant sur moult univers parallèles. Tantôt il peut en sortir des monstres griffus titanesques, tantôt il s’agit juste de raccourcis entre deux pans de la réalité… Seule Constanza, la gouvernante, en maîtrise apparemment les rouages et les desseins. Le hic, c’est que la douce vieille femme est également très discrète sur le sujet. Alors que les trois amis s’interrogent sur l’attitude morale à adopter envers le nouveau venu Salem – rappelons que ce dernier avoue aider une psychopathe à enterrer ses victimes – un homme se présente à Théodora, propriétaire officielle de la maison. Il s’agit d’un sulfureux trafiquant d’arme qui demande un droit de passage entre deux portes. Théodora lui refuse et s’expose dès lors à de violentes représailles. Constanza, qui n’a semble t-il pas du tout les mêmes notions de morale, désapprouve ce refus. La gouvernante se laisse alors aller à quelques révélations stupéfiantes, preuve à l’appui, emmenant tout son petit monde dans les catacombes sous la maison…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Décidément, cette Maison aux cent portes dispose d’un potentiel de surprises pour le moins inventives. Après avoir fait connaissance avec les attributs fantastiques de la demeure et avec sa gouvernante réservée (cf. le tome 1), voilà nos jeunes colocataires confrontés à… Blanche Neige. Non, vous ne rêvez pas, il n’y a pas d’erreur de copié-collé dans cette chronique. Il s’agit bien de Blanche neige, dans son cercueil de verre, qui attend la fin de son coma, prévue vers l’éternité. A ce qu’il parait, la légende a tout déformé : dans la réalité historique (sous le règne de Louis V le fainéant, roi des francs), c’était une vraie psychopathe… Isabelle Dethan cherche visiblement à dérouter le lecteur, mais sait-elle réellement où elle l’emmène ? On accepte néanmoins volontiers ces surprenants rebondissements, tout se laissant gentiment dériver au gré d’un récit fantastique tentaculaire, attendant de trouver la cohérence d’ensemble. S’appuyant sur quelques automatismes parfaitement maîtrisés, le dessin réaliste est « paisible », dans le sens où il ne met en scène la plupart du temps que les palabres métaphysiques des protagonistes, dans une maison d’apparence normale. La gestion des mouvements est donc secondaire (une rixe mise à part), et la colorisation délicate s’adapte superbement à cette ambiance un peu lénifiante. Certaines planches semblent néanmoins plus rapidement exécutées vers la fin du récit (notamment les rides de Constanza, parfois peu appliquées). Enfin, le rebondissement final, amené de manière téléphonée, nous abandonne circonspects pour la suite…