L'histoire :
Rose Vermeer n’était pas jolie. A 17 ans, elle vient d’entrer en classe de seconde latine chez les sœurs de la Trinité à Bruxelles. Chaque matin, elle passe chercher Monique à la pâtisserie de ses parents et elles font route ensemble jusqu’à l'école. Monique posséde tout ce qui manque à Rose : visage rond, yeux de biche, chevelure abondante, lèvres pulpeuses. Et surtout, elle plait aux garçons, ce qui semble l’agacer mais emplit Rose d’une sourde jalousie. Lorsqu’elles atteignent le n°22 de l’avenue Victor Hugo, elles se poussent du coude en gloussant. Car à la fenêtre du rez-de-chaussée, il y a Polochon : un cinquantenaire débonnaire qui fume une étrange pipe. Tous les soirs, en repassant devant chez lui, elles glissent furtivement dans sa boîte aux lettres des dessins qui le caricaturent. Polochon a pris goût à ces petites provocations quotidiennes. Chaque jour à 16h00 il attend le cœur battant l’arrivée du dessin, puis il l’aligne sur sa cheminée. Un jour, il invite Monique à prendre le goûter...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce roman graphique est l’adaptation BD de 3 romans d’Anne Liger-Belair, alias Gudule (née en 1945 et décédée en 2015) par sa fille Mélaka. La romancière s’est inspirée de sa propre vie dans les années 60 pour raconter l’histoire de Rose. La jeune femme belge qui est encore mineure – l’âge de la majorité étant fixé à 21 ans à l’époque – va devenir « fille-mère » à 18 ans avec un homme qui borde la cinquantaine d’années. Rose va rapidement perdre ses illusions amoureuses quand elle va se rendre compte que le père de son fils est un manipulateur qui n’est pas en mesure d’assumer ses responsabilités. Aidée par ses parents, elle va fuir Bruxelles pour le Liban et tenter d’y reconstruire sa vie. Entre débrouille, galères, petits boulots et nouvelles rencontres, elle finira par trouver le bonheur et se marier. Cette nouvelle vie sera cependant loin d’être idyllique avec les absences répétées de son mari musicien, la grand-mère de son mari qui est exécrable ou encore la disparition de sa « Têta », sa mamie de cœur. Pas facile à cette époque d’être une jeune maman qui cherche à s’émanciper dans des sociétés pétries de principes moraux. Si Rose espérait vivre un conte de fée, elle va rapidement être rattrapée par la réalité avec un parcours jonché d’embûches. C’est un récit sensible, touchant dans lequel on s’attache rapidement à cette héroïne battante. Malgré les déboires que Rose rencontre, le ton n’est pas larmoyant. C’est même un récit qui se conclut avec une note d’espoir. Le dessin de Mélaka est simple et rapide, mais tout en justesse dans la restitution des émotions. Malgré des textes denses, ce roman graphique captivant de plus de 300 pages se lit d’une traite.