L'histoire :
Né gallo-romain sous le prénom de Lucius, Wotila a été adopté par une tribu de goths, suite au massacre de sa famille par des barbares, quand il était enfant. Aujourd’hui, en l’an 419, il a tout oublié de cette tragédie. Tandis que sa famille s’établit dans le sud-ouest de la France, il semble que son passé le rattrape. Rutern, l’un des guerriers de sa tribu, l’enlève pour le conduire auprès de romains… qui veulent l’emmener en Italie. Wotila s’enfuit et il est aidé en cela par une fête païenne du « carnvalos » et par Galia, une romaine de son âge. Entre ces deux-là, le courant passe visiblement très bien… jusqu’à ce qu’on accuse Wotila d’avoir assassiné l’oncle de Galia. Le jeune goth s’enfuit de nouveau et il est finalement retrouvé blessé par sa famille goth. Il s’en fallait alors de peu pour qu’un mystérieux tueur encapuchonné le poignarde ! Revenu dans son clan, Wotila demande des explications sur ses origines à ses parents adoptifs et au chef Thorulf. Mais tous gardent le silence. Les choses se compliquent lorsqu’on retrouve Rutern assassiné. Là encore l’omerta et la dignité du clan est de rigueur. En raison de la curieuse « trahison » de Rutern, son fils Retemer, rival de Wotila, est toutefois banni du clan. Quelques jours après sa convalescence, Wotila s’arrange pour revoir Galia et lui expliquer son innocence…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au crépuscule de l’hégémonique Empire Romain, l’Europe connut d’importantes invasions et migrations de peuples « barbares ». En résultèrent logiquement un vaste brassage ethnique et bien des intégrations culturelles, naturelles (ou pas). C’est précisément dans ce contexte d’Histoire post-antique ou pré-médiévale, à la suite d’un jeune héros doté d’une destinée tourmentée, que nous immergent le scénariste Hervé Pauvert et la dessinatrice Cécile Chicault. Apparemment relayée par une exégèse familiale sur le sujet (à en croire les remerciements), l’aventure de ce jeune wisigoth est assurément documentée et participe d’une intention historique louable et sérieuse… Néanmoins, les choix séquentiels n’offrent pas toujours une grande fluidité de lecture et réservent cette série aux lecteurs férus d’Histoire médiévale. A trop vouloir entretenir le suspens, l’« option thriller » peine à révéler ses enjeux (pourquoi tant de secrets autour de l’origine de Wotila ?). Les rebondissements sortent aussi parfois d’un chapeau (le parchemin de Wotila survit donc à son immersion dans la rivière souterraine !). Des séquences ésotériques viennent également perturber l’authenticité du propos : des morts qui sortent de terre, un spectre hantant Wotila et un rite nocturne du « don de l’épée », parachèvent de brouiller tout réalisme. Bref… Des révélations sont faites dans les dernières pages de ce second tome, qui permettront peut-être de tout rendre limpide dans un troisième opus à venir. D’ici là, on constate les progrès graphiques de Cécile Chicault dans le registre de la « BD de genre » (elle œuvrait auparavant pour la jeunesse, sur Zélie, la petite sorcière). Dans une austérité assumée, de bon aloi, son trait besogné y gagne autant en souplesse que la colorisation se montre plus fine.
