L'histoire :
Le bourreau se rappelle, dix ans plus tôt, les leçons de son maître, les punitions que lui-même reçoit, les déguisements qu’il lui apprend à utiliser et confectionner. Aujourd’hui, c’est lui qui maîtrise l’art de se fondre dans la foule. Et à deux jours du carnaval, il est difficile de trouver celui qui a confectionné le masque que le bourreau a en sa possession. Le bourreau est incapable de trouver des informations sur l’enfant qui s’est volatilisé sous ses yeux, de la femme qui l’avait enlevé, et de ce bouffon qui se multiplie… Il fait pleuvoir les pièces d’or sur la foule, martyrise les hommes du gué, mais ne les tue pas. Il disparaît et réapparaît à volonté, il a le don… un adversaire sacrément coriace. Mais après avoir dérobé la bourse d’un soldat du gué, il la laisse cachée au coin d’une rue avant de disparaître. Le bourreau est interloqué. Pourquoi l’abandonner ? Il se rappelle que dix ans plus tôt, dans la salle Chartes du palais de la conciergerie, il avait essayé de se rapprocher du maître de son maître pour se venger de la disparition de son amour. Mal lui en avait pris…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bourreau, c’est un chouette métier. On bosse pour une assemblée de hauts notables qui, de manière tout à fait opaque, rendent la justice au nom de Dieu, mais pour leur profit. On est soumis au bon vouloir d’un fou de Dieu qui dispose de vie et de mort sur vous, ainsi que ceux auxquels vous oseriez tenir. On est obligé de flinguer aveuglément la veuve et l’orphelin à partir du moment où ils sont jugés coupables par l’assemblée susdite. On vit caché et sans amis. Le point positif, c’est qu’on est invulnérable, et il vaut mieux, quand Paris tout entier vous déteste. Mais enfin, ce bourreau-là ne s’en laisse pas conter. Il garde une rancune tenace à ceux qui lui ont enlevé, étant jeune, son amour. Il ne recule alors devant rien pour découvrir la vérité sur le nouveau héros des masses laborieuses, le bouffon qui se rit de l’autorité et qui sauve les plus démunis. Mais la vérité va rendre encore plus son opaque son affaire. Ce deuxième tome du triptyque apporte un petit lot de réponses, au compte-gouttes, de manière un peu alambiquée. On a bien l’impression que tout le monde se connaît, et c’est assez agaçant de n’y rien comprendre. Le lecteur est quelquefois un peu perdu dans la belle machinerie montée par Matthieu Gabella, qui a corrigé l’hésitation dans le ton des récitatifs et donne une vision assumée du Bourreau, à la fois rude et humain. Complexe, très complexe, mais diablement prenant et efficace. Et puis beau, aussi, tellement ! Le travail de Jérôme Benoit et Julien Carette nous donne à voir un Paris magnifique et des êtres humains bien bas et bien vils, mais pleins de vie, dynamiques. C’est une nouvelle fois efficace et on attend avec gourmandise la suite et la fin de cette histoire.