L'histoire :
Après une nuit dans un bordel parisien en compagnie de ses amis, Van Gogh, Monet, Renoir et autre Gauguin, Henri de Toulouse Lautrec, grand peintre et amateur de la vie parisienne est rappelé à la réalité par l’incroyable histoire de Darling. Darling n’est autre qu’une jument d’exception, douée de mille vertus. Galopeuse véloce, sauteuse indomptable, elle fait la renommée et la richesse de ses propriétaires successifs. Première sur tous les champs de courses de l’hexagone, elle conquit même l’autre côté de la manche, jusqu’à ce que la reine en fasse une Lady. Cheval porte-bonheur, elle enflamme le tout Paris par sa vivacité et son courage sans jamais faire preuve de mépris pour ses concurrents. Toulouse-Lautrec en est fou. Lors d’une course, pourtant, Darling est blessée. Elle ne pourra jamais plus monter sur les podiums. Dès lors, la déchéance est rapide et cruelle. Tout le monde lui devient hostile, allant même jusqu’à la railler, elle qui les a tant fait rêver, qui les a conduit vers la fortune. Néanmoins, cette grande dame ne s’avouera jamais vaincue et portera fièrement le poids de son illustre passé jusqu’au bout.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au cours des deux précédents volets du Bordel des Muses - à présent renommé (pour des raisons de décence ?) Cabaret des Muses - Gradimir Smudja nous avait déjà habitués à un dessin d’exception. Là encore, on reste émerveillé devant une telle maîtrise de l’art graphique. Comme son illustre personnage, Gradimir partage avec son lecteur une véritable œuvre artistique tout au long de ses récits. Cependant, si ses scénarios ont toujours été un peu grandiloquents, on tombe cette fois dans le burlesque aux grosses ficelles. Le parallèle entre le destin de certains artistes adulés puis jeté aux orties, avec le destin tragique d’une jument qui embrasa les champs de courses, en est même douteux. Gradimr Smudja semble même peiner à finir ce tome, tournant et retournant dans tous les sens son récit pour lui trouver une chute. Dommage car cela occulte totalement le dessin magnifique et le travail incontestable de l’auteur (précision dans le traitement du cheval avec l’apparence des différents muscles de l’animal). Il faut enfin attendre la dernière double-planche pour découvrir le meilleur de l’album : à travers autant de caricatures en têtes de chevaux, Smudja nous offre une palette étonnante et détonante de portraits des grandes figures de l’époque.