L'histoire :
Le peintre Henri de Toulouse-Lautrec retrouve, dans un songe fantasque, la jument dont il avait fait l’acquisition, une ancienne championne des terrains de course. Darling est tout d’abord en prise avec un boucher sadique, virtuose du couteau bien aiguisé, qui veut la réduire en saucisses. Henri paye très cher pour éviter à sa jument ce dernier supplice. Il la ramène à bout de bras chez lui et la couche dans son propre lit, sous le regard apitoyé de Joseph, le maître d’hôtel familial. Malgré les soins attentionnés d’Henri pour sa jument, Darling ne retrouve pas la santé. Acuponcture, bains de soleil, entrainement, rien n’y fait. Darling, comme Henri, a perdu l’inspiration, le goût et l’envie. Seule leur profonde amitié les tient. Face au désarroi de sa jument, Henri entreprend un voyage dans le passé de Darling pour soigner son âme. Direction l’Irlande. Darling va un peu mieux, mais pour la guérir définitivement, il en appelle aux soins d’un vieux Tsigane, qui chuchote à l’oreille des chevaux. En quelques tours de mains expertes, le vieil homme remet d’aplomb l’équidé qui va vite renouer avec le succès et la célébrité…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Poursuivant son hommage aux impressionnistes et « postimpressionistes », Gradimir Smudja nous promène toujours dans l’inconscient d’Henri de Toulouse-Lautrec et de ses modèles. La balade se fait lors d’une des nombreuses nuits d’ivresse du fameux peintre aristocrate de la Butte Montmartre. Cela aboutit à un récit totalement loufoque et assez difficile à suivre. Cependant, on sent l’immense respect de Gradimir pour son maître, dont il dissèque la vie et les songes dans un portrait onirique. Si le scénario est de très loin le plus hermétique de la série, il reste d’une qualité graphique tout à fait exceptionnelle. Chaque planche est un défi aux perspectives et aux lois des mélanges de couleurs. De même, les lumières des nuits de Montmartre à la fin du XIXe sont rendues de manière subtile. Gradimir, à l’instar de Toulouse-Lautrec, nous enivre de couleurs et de mouvements comme pour mieux oublier les douleurs de ces âmes d’artiste. Le dessin de Smudja recèle un découpage original, une peinture sociale de l’époque, une interprétation historique et une étude psychologique. Darling pour toujours n’est finalement qu’une énorme fantaisie artistique, à apprécier pour ce qu’elle est : un divertissement graphiquement riche et exceptionnel. Pour le plaisir des yeux…