L'histoire :
Au sein du musée du Louvre, sur le mur consacré au peintre Géricault, dans la salle 61, se trouve le portrait d’une tête de cheval blanc. Un mardi matin, profitant de l’accalmie hebdomadaire traditionnelle, ce cheval décide qu’il en a marre. Marre de resté enfermé là, prisonnier entre quatre bords. Marre d’être reluqué à longueur de journée par des quidams qui disent n’importe quoi. Donc il sort de cet « endroit », avec son cadre autour de l’encolure, et part se balader dans les couloirs du musée. Evidemment, ses voisins de palier s’insurgent. Une lionne et un général d’empire, d’abord. Puis le dieu égyptien Bastet, sous sa forme de chat, qui tente lui aussi de le raisonner. Mais il est fou, qu’est-ce qu’il fait ?! Il ne peut pas recouvrer sa liberté sur un coup de tête, il est un tableau de Géricault, sa condition est de rester sagement à sa place, pas de gambader ! Plus loin, il croise une armure de cavalier et de sa monture, qui lui proposent de se mettre dessous. Non merci, le cheval veut sortir, non pas se retrouver enfermé ailleurs. Alors il cavale dans les salles, les allées, les salons… et multiplie les rencontres hétéroclites…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce Cheval qui ne voulait plus être une œuvre d’art fait partie des coéditions initiées par le musée du Louvre (cette fois non pas en lien avec Futuropolis, mais avec Delcourt), dans le but de se démocratiser à travers une forme d’art plus populaire, la bande dessinée. L’auteur Olivier Supiot prend pour prétexte l’évasion d’un portrait de cheval, le jour hebdomadaire de fermeture du musée, pour envoyer le canasson se promener à travers divers salles. Ce cheval blanc n’appartient pas à Henri IV, il est une toile de Théodore Géricault (1791-1824), dont il n’est pas vraiment l’œuvre la plus emblématique – l’artiste est plus connu pour son Radeau de la Méduse, également exposé au Louvre. Ce cheval entre dès lors en communication avec tout un tas d’autres œuvres, qui tentent toutes de lui expliquer que ses états d’âme sont hors de propos. Et pour lui faire accepter sa condition particulière d’objet artistique, destinée à rester sagement dans son cadre, ses pairs focalisent sur son unicité. Il doit calmer les désirs de liberté qui le démangent en considérant qu’il n’est pas n’importe quel cheval. Bon, certes, ça tourne un peu court… mais rappelons que ce scénario n’est qu’un prétexte. Il présente surtout le gros avantage de pouvoir être partagé avec les enfants… et de montrer des perspectives et des œuvres du Louvre méconnues. Sur le plan graphique, Supiot se livre à un exercice peu courant : re-représenter la tête de cheval, omniprésente, en balade sous des centaines de points de vue différents, la plupart du temps sur des aplats de couleurs.