L'histoire :
Il était une fois au Japon, un peu à l’écart de la capitale Nara (soit entre 710 et 784), une somptueuse villa où habitaient la belle Kaguya-Hime et ses parents adoptifs. La rumeur disait que son père, un simple coupeur de bambous, l’avait recueillie et élevée après l’avoir trouvée bébé dans le tronc d’un épais bambou. Elle luisait alors étonnamment et avait atteint l’âge adulte en 3 ans seulement. Le coupeur de bambous avait découvert à ses côtés 3 autres bambous dégorgeant de pépites d’or, ce qui avait permis au couple de vivre dans l’opulence et de l’éduquer sans qu’elle ne manque jamais de rien. La beauté de Kaguya-Hime était telle, qu’une centaine de prétendants s’étaient rapidement massés devant le portail clos de sa villa. Après 3 ans d’attente vaine, seulement 3 d’entre eux subsistaient, qu’elle n’avait pourtant aucune envie d’épouser. Pour éviter d’être inconvenante à leur égard, elle se décida tout de même un jour à les recevoir. Elle leur proposa alors à chacun, pour les départager, de lui rapporter en dote des objets fabuleux : au prince Kuramochi, elle réclama une branche de perles de Jade ; au ministre Abe, une étoffe faite en peau de rat de feu, ininflammable ; au conseiller Otomo, une perle de dragon. Tous trois repartirent en sachant très bien que ces objets étaient impossibles à trouver et qu’il allait falloir rivaliser d’imagination pour les lui procurer…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce Coupeur de bambous est l’adaptation au format BD d’un des plus anciens contes japonais, plus connu sous le nom de Princesse Kaguya ou Taketori Monogatari. Trois séquences fantastiques s’y alternent, pour nourrir une seule allégorie pleine de symboles. Dans un premier temps, on découvre cette « princesse » née dans un cœur de bambou, sa beauté sans pareille, sa « dote » en pépite d’or et ses origines fantastiques. Puis vient la distribution de quêtes impossibles aux 3 princes prétendants. Certaines versions du conte traditionnel attribuent 5 prétendants à la princesse et donc 5 objets impossibles à trouver. Le bol en pierre de Bouddha et un coquillage d’hirondelle complètent alors les 3 objets développés dans cette version BD. Cette phase du conte inspira peut-être Charles Perrault pour son Peau d’âne (qui demande à son père des robes faites de matières improbables pour éviter de devoir se marier avec lui). Enfin, dans la dernière partie, les sélénites (habitants de la lune) débarquent tout bonnement pour récupérer leur princesse. Cette incursion de la science-fiction signe la grande particularité de ce conte médiéval traditionnel, très en avance sur son temps ! On ne sait pas grand-chose des auteurs de l’adaptation, Ihara Daisuke et Nishimura Eri, hormis que leur patronyme et leur griffe leur confèrent assurément une nationalité… asiatique ! Détachée et relativement « plate », la narration ne se distingue pas par son modernisme. En revanche, le graphisme est soigné, besogneux et léché en fait une histoire très agréable à suivre, pour tous publics.