L'histoire :
Unique rescapé d’une mission terrienne, Adam Reith s’est échoué sur la planète Tschaï. Il a aussitôt du faire appel à d’extraordinaires capacités d’adaptations, qui lui ont permis de comprendre des coutumes sociales et des mœurs ethniques étonnantes, de surmonter mille dangers et même de se faire des amis. A présent, il est en territoire Pnume, en compagnie d’une humaine autochtone et « immatriculée », qu’il a baptisé Zap210. En fuite après avoir été séquestrés, ils dérobent des sequins – la monnaie locale – et profitent de ce que leurs hôtes sont occupés par une orgie sexuelle généralisée (encore une drôle de coutume…) pour prendre la tangente. Poursuivis, ils volent une barque en hâte et se laissent dériver sur une mer brumeuse durant plusieurs jours, jusqu’à atteindre un port assez important, Zsafathra. Ils y découvrent une nouvelle civilisation et une mentalité particulièrement mercantile : tout y est prévu pour faire raquer les « touristes ». Cela dit, étant donné qu’ils ont de l’argent, ils en profitent pour prendre du bon temps et se reposer. Adam peut alors poursuivre son enseignement de la liberté individuelle à l’égard de Zap. Car jusqu’alors, la vie entière de cette dernière était disciplinée par les conceptions pnumes, qui font des créatures de son espèce l’équivalent de biens matériels. Sa servitude était jusqu’alors favorisée et rendue volontaire grâce à une drogue appelée Diko, dont le sevrage a aujourd’hui pour conséquence de l’émanciper et de lui faire se poser des questions psychologiquement perturbantes… Notamment sur la notion de reproduction, de séduction ou de libido…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Chapeau ! A l’époque où ils l’ont entamé, en l’an 2000, le minutieux travail d’adaptation préfigurait la collection Ex Libris que Jean-David Morvan a finalement mise en place chez Delcourt. A raison d’un tome par an (en moyenne), Morvan et son compère dessinateur Li-An sont patiemment venus à bout de ce récit palpitant de science-fiction, initialement raconté par le roman éponyme de Jack Vance. L’ensemble présente aujourd’hui une cohérence appréciable, qui trouve ses limites dans l’évolution du trait du dessinateur. Quand on compare le dessin des premiers tomes et celui du dernier opus, on constate en effet une lente progression, qui procure un sentiment mitigé. Car la spontanéité bienvenue et lentement acquise va de pair avec un léger relâchement dans l’application détaillée… Et on sent bien que les toutes dernières planches n’ont pas été les plus peaufinées. Pour le reste, ce dernier tome ne se distingue guère des autres. Adam Reith baigne cette fois dans une société que le mercantilisme extrême rend presque burlesque. Il tente également d’inculquer des émotions et une libido humaines à une jeune femme de son espèce qui devient, de fait, sa compagne platonique. Certes, on peut regretter que ce dernier opus clôture la formidable aventure en deux planches, sans envolées lyriques, ni grand spectacle, ni perspectives futures, de manière hyper terne en fait. Nonobstant, cette conclusion reste en cela fidèle à l’œuvre originale, parfaitement centrée sur son sujet. Car le Cycle de Tschaï s’éloigne des récits de SF « classiques » pré-formatés, pour se fondre dans une sorte d’expérience ethnique imaginaire. Plus que la tronche ou la technologie des aliens rencontrés, leurs mœurs et leurs conceptions sociales incroyablement inventives et décalées de nos normes auront été l’objet de cette histoire. Enfin, notons un petit hic éditorial : le laïus de 4e de couv est toujours le même, annonçant la fin future de la série au terme de 8 tomes à venir… alors qu’on vous le jure, le Cycle de Tschaï est désormais bel et bien terminé !