L'histoire :
A la frontière de l'Afghanistan au pied des montagnes, Nikolaï Bystrov occupe depuis des années un job de magasinier, un moyen d'attendre de pouvoir un jour retourner dans le pays où il a vécu une jeunesse formidable et héroïque aux côtés du commandant Massoud. Vingt ans plus tôt, en pleine guerre entre les russes et les forces de la guérilla afghane, Nikolaï fait partie des jeunes recrues envoyées au front. Il a été le meilleur tireur lors des phases d'entrainement, il prend alors un rôle de véritable sniper au sein des troupes, les tirant d'affaires lors de nombreuses embuscades. Un soir, il reçoit la mission d'aller avec trois autres soldats acheter du haschish dans un village proche, réputé pacifique. Les officiers ont besoin de la drogue pour tenir, ce devrait être un job facile. Mais arrivés sur place, ils tombent dans une embuscade en étant conduits par un enfant vers une maison vide. Ils seront deux à survivre, et seront vendus comme prisonniers à une autre faction de la résistance armée afghane, dirigée par le commandant Massoud. Ce dernier tente de regrouper les prisonniers soviétiques pour les tirer des mains des talibans avec qui il est en opposition. Son regard sur le soldat Nikolaï va changer du tout au tout lorsqu'un jour, le tireur prendra une arme des mains d'un des hommes de Massoud pour tirer sur un véhicule bourré d'explosif qui fonçait sur eux, et leur sauvera la vie. Il va devenir garde du corps de Massoud...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Conduit par l'excellent Jean-Pierre Pécau au scénario, ce premier tome d'une série historique consacrée aux destins singuliers de l'histoire fait le job avec beaucoup d'efficacité. Un long flashback puis un retour vers le présent pour découvrir la vie étonnante de ce soldat russe qui est devenu le garde du corps d'un des hommes les plus connus de l'histoire des années qui précèdent le 11 septembre 2001. On se rappelle à l'occasion que Massoud a été victime d'un attentat fatal deux jours avant l'attaque des tours jumelles, et que son opposition au extrémistes musulmans et à Oussama Ben Laden était un fait important de l'époque. Le contexte historique de la résistance afghane aux multiples composantes face à une armée étrangère qui tente de sauver le pouvoir en place reste une simple toile de fond, pour mettre l'accent sur la relation entre Nikolaï et son patron, véritable personnage fort de l'histoire. On voit comment le jeune soldat a réalisé aux côtés de celui qui devient très vite une idole absolue, un parcours personnel totalement atypique qui changera sa vie. La mise en images du dessinateur brésilien Renato Arlem, jusqu'alors essentiellement actif dans le comics américain, est percutante et réaliste. Il utilise abondamment les photos, notamment pour recréer le visage de Massoud. Les pages fourmillent de détails, de paysages et de maisons en pierres au milieu de décors montagneux. Un épisode étonnant de l'histoire contemporaine, un premier volume instructif qui laisse augurer d'une série prometteuse.