L'histoire :
Le renard s’extirpe de son terrier, baille, s’étire et s’emploie à son activité quotidienne : piller le poulailler voisin. Mais sitôt passé la clôture, il tombe sur le chien de garde. Ce dernier est calme et préventif : s’il fout encore le bordel, il devra ranger. Le cochon et le lapin lui adressent un salut amical. Ils lui mettent un panier de navets de côté. Le renard fulmine. Il pénètre enfin, avec sa posture de « grand méchant renard », dans la maisonnette d’une poule qui couve ses œufs. Celle-ci en a ras-le-bol : c’est la 3ème fois cette semaine qu’il la dérange. Elle le vire à coups de becs. Le renard s’enfuit… tandis que le poulailler entier revendique d’obtenir enfin la paix auprès du chien. Ce dernier fait installer un panneau anti-renard devant la clôture. De retour dans le bois (avec son panier de navets), le renard déprime. Il n’arrive pas à terroriser, c’est la honte. Le grand méchant loup, une de ses sulfureuses relations, lui donne un bon conseil : il faut qu’il s’entraine à être méchant, notamment en commençant par s’attaquer à quelque chose de plus inoffensif. Des poussins par exemple, ça devrait être facile ! Il lui propose une association : le renard pénètre dans le poulailler où personne ne se méfie de lui, pique des poussins et lui rapporte dans le bois. Le renard trouve cette idée géniale. Dont acte…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le principe comique de ce one-shot au format souple se montre tout simple, mais se révèle particulièrement riche en rebondissements caustiques : malgré ses intentions et sa condition, notre ami renard ne fait peur à personne. Managé par le loup – qui lui est vraiment un grand méchant – il est malmené par les poules et se fourre dans une situation à contre-emploi : éducateur de trois poussins qui l’appellent « maman » et se prennent pour des renards. Tout se déroule au sein d’une même continuité narrative, dans un découpage dénué de bordure de cases, au long de 192 planches qui se laissent dévorer (elles !). L’absence de gags ou de découpage en historiette accorde la pleine liberté de ne pas s’obliger à des chutes comiques. La tendresse est en effet aussi un élément majeur qui participe à la réussite de ce (premier !) bouquin. L’humour ponctue néanmoins très régulièrement les séquences, et joue au maximum sur le caractère de looser magnifique de ce renard attachant. Vif et lâché, le trait de dessin de Benjamin Renner accorde une expressivité maximale aux personnages. Si le ton et le décorum sont proches de ceux de Wallace et Gromit, l’auteur a participé à l’aventure ciné et multi-récompensée d’Ernest et Célestine et il en a visiblement retenu de fort prometteuses leçons.