L'histoire :
Sous le règne du roi soleil, Alphonse est un paysan qui se saoule chaque jour à la mauvaise vinasse pour oublier sa triste condition et sa matrone de femme. Un matin, tôt, alors qu’il fait une livraison chez le Chevalier de Beaumont, il espionne par la fenêtre 3 brigands qui cherchent une mystérieuse « autopsie ». Un coup de couteau incontrôlé, puis un coup de feu involontaire, et le chevalier et sa fille sont exécutés. Profitant d’une rixe entre les canailles, Alphonse pénètre en catimini dans la demeure et emporte avec lui le seul rescapé, le fils du chevalier. Immédiatement poursuivi par les tueurs, lui et l’enfant trouvent le salut en plongeant dans une rivière du haut d’un pont vertigineux. Ils s’en sortent néanmoins et sont repêchés par deux gitans, Paulo et Nuzi, qui les amènent à leur camp. Ils deviennent alors les sujets d’un débat quand à leur intégration dans le groupe. Partisans bienveillants, Paulo, le chef Victor et la belle tzigane Luminista parviennent à imposer leur présence. De leur côté, les poursuivants dirigés par le cruel Moplai, ont le bras long… Ils font accuser Alphonse du meurtre du Chevalier et reviennent poursuivre leur enquête du côté des gitans…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’aventure que nous propose Simon Andriveau s’impose pour le moment passionnante et rudement bien emmenée ! Tout d’abord, le cadre historique mêle habilement, d’un côté, le contexte social et les manigances politiques de l’époque, et de l’autre, une intrigue romanesque digne d’Alexandre Dumas. En référence à l’écrivain, on y croise notamment un personnage au masque de fer, dont l’identité demeure (évidemment) secrète. En revanche, nul mystère n’est fait de la fameuse autopsie dont il est question : elle devient le cœur d’une affaire palpitante sur la légitimité du roi soleil, qui prend toute son ampleur au fil de la lecture. Habilement, sans se prendre trop au sérieux, Andriveau parvient à trouver l’alchimie entre des aventures plausibles et une légèreté de ton enthousiasmante. Certains s’étonneront du « franc-parler » très contemporain des dialogues… C’est un parti-pris, qui fonctionne néanmoins sans rien retirer au souffle épique. D’autres passeront peut-être à côté de ce premier épisode, en raison d’une couverture certes sombre… mais superbe ! Car non seulement Andriveau nous entraine dans une intrigue haletante, mais en plus il fait montre d’un sacré coup de crayon. Apparemment, il s’agit d’un crayonné « brut », sur-contrasté, auquel une colorisation informatique a été appliquée. Certaines cases comme les villages ou les toits de Paris sont superbes. Mais ces décors de qualité laissent surtout place aux personnages et à leur expressivité maximum quand ils sont en fâcheuses postures (il y a quelque chose de Blacksad dans le regard d’Alphonse !). Une mise en bouche enthousiasmante qu’on se plaira à suivre sur 5 tomes…