L'histoire :
La cinquantaine passée, un peu ventripotente, après une vie dédiée à son mari et son fils dans un petit appartement de banlieue, Françoise pointe pour la première fois à Pole Emploi. La conseillère qui la reçoit enregistre ses faibles compétences en comptabilité et secrétariat : pas de notion informatique, pas d’expérience récente… elle va sans aucun doute devoir suivre une formation. Françoise ressort de son agence de banlieue sans grand espoir de retrouver un jour un job. En rentrant dans sa barre d’immeuble, elle passe à la pharmacie pour prendre les médicaments pour sa vieille amie Rose. Rose a une jambe dans le plâtre et Françoise s’occupe donc de son chien Poupi et de son ravitaillement. Evidemment, des petits cons l’humilient quand elle arrive à proximité du hall. Mais ça ne dure pas. Après avoir gratté (en vain) une carte de la Française des Jeux, pour se faire rêver, Rose annonce à Françoise qu’elle vient enfin d’accéder au vieux rêve de feu son mari et elle : obtenir un carré de potager collectif à jardiner, au sein de l’association de quartier qui gère les parcelles. Or étant donné que Rose est encore blessée, c’est Françoise qui va devoir s’occuper des premiers semis et de la remise en état de ce carré, qui appartenait à une certaine Yvonne, récemment décédée. Françoise ne se sent pas forcément la main verte… mais elle va faire son devoir
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A ce qu’il parait, le bonheur est dans le pré. Même au terme d’une vie au foyer, dans un minable petit appartement de banlieue, aux côtés d’un mari méprisant et humiliant, à ne plus rêver qu’aux cartes à gratter de la Française des Jeux. C’est l’expérience de vie que va faire ici Françoise, une héroïne ordinaire bedonnante, passive et introvertie, qui se fait involontairement passer pour son amie Rose lorsque l’opportunité d’entretenir un carré potager s’offre à elle. Ainsi va-t-elle découvrir un nouveau sens à la vie, dans l’apprentissage des méthodes de culture, dans la patience et la besogne que réclame un tel projet, dans l’approche pas toujours facile de ses voisins de parcelles. C’est une très belle histoire que nous donne à suivre Hervé Duphot. Une histoire d’essence de vie retrouvée, une histoire d’amour aussi, une histoire d’affranchissement personnel par le retour à la terre. Duphot prend le temps qu’il faut pour développer cette quête intime et cette philosophie essentielle, en 110 planches très calmes, tout comme le temps de la culture est un temps long. « Cultivons notre jardin », au sens propre, comme le préconisait Voltaire. Faites l’expérience de la terre, si vous le pouvez. Peu de ceux qui l’ont testée l’ont ensuite regretté.