L'histoire :
Dans les années 1920, un cabaret parisien est très populaire. Son nom : Le Jardin. Dans ce Jardin, de nombreuses fleurs dansent, soir après soir. « Un jardin n'est pas toujours plein de fleurs, de plantes ou de verdure. Un jardin c'est surtout un endroit où grandissent les belles choses ». Chacune de ces femmes porte un pseudonyme, un nom de fleur. Elles sont également dirigées par une femme qui a monté ce cabaret, et qui est la mère de Rose, un jeune garçon de dix-huit ans. Rose a grandi dans cet univers, entouré de femmes qui s'affirment, pleines de sensualité et d'élégance, et sans aucune figure paternelle ou masculine. Alors c'est avec une naturelle simplicité qu'il décide de suivre la voie de ces femmes, et de danser, lui aussi, au Jardin. Il revêt les plus beaux vêtements, les plus belles coiffures, et se maquille tel une fleur. Mais avant sa première fois devant un public, le stress s'empare de lui... Comment vont réagir les gens en découvrant qu'il n'est pas une femme ? Lorsqu'il sort de scène, il est soulagé, excité à l'idée de recommencer. Il a trouvé sa vocation : il veut danser dans le cabaret familial. Et rapidement, il va avoir son premier habitué, qui se rendra au Jardin pour voir chacune de ses prestations au premier rang. Il ne sera pourtant pas aussi simple pour tout le monde d'accepter une telle curiosité...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Lorsque Rose décide de suivre la carrière de sa mère et de ses amies pour devenir danseur travesti dans un cabaret, il choisit d'affirmer sa personnalité devant le tout Paris des années 1920. Après nous avoir régalé avec son album jeunesse Les fleurs de grand frère, Gaëlle Geniller nous propose un nouveau titre beaucoup plus étoffé, à destination d'un public adulte. Dans ces quelque 200 pages, nous retrouvons pourtant des similitudes avec son ouvrage jeunesse. Les thématiques des fleurs et de la nature, mais aussi la quête d'identité et l'affirmation de la différence, sont de nouveau présentes. Elles sont abordées d'une manière différente, avec plus de profondeur, mais avec toujours autant de pudeur et de délicatesse. Les illustrations, dans des tons très doux, renforcent cette impression de prévenance avec les personnages. Les végétaux trouvent toujours une place plus ou moins importante sur ces planches, et viennent sublimer des scènes de danse ou d'échanges entre les protagonistes. On est immergé dans ce Paris des années folles, vivant à toute allure, se libérant de la pression sociale à travers la danse et la musique, et restant pourtant intime et pudique. Ce récit passionnant nous questionne sur la notion du genre et de la tolérance, avec subtilité et une grande bienveillance, parfois naïve, mais qui apporte tout le charme à cet album. Cette jeune autrice prometteuse et à suivre pourrait bien nous réserver encore de belles surprises.