L'histoire :
Mourad raconte son enfance dans le quartier des Minguettes. Ses parents étaient d’Algérie et son père est venu en France pour trouver du boulot dans une usine Renault. Il s’est rapidement implanté dans l’immeuble puisqu’il fréquentait une salle de prière. Petit à petit, il est devenu l’imam de l’endroit. Mourad a donc grandi dans ce contexte, avec un père distant mais très connu et très apprécié des Minguettes. Bien plus tard, le quartier s’est soulevé suite à des violences policières. La révolte a monté et de nombreuses manifestations ont gagné la France entière, de Marseille à Paris, en passant par Strasbourg. Finalement, le président a reçu les contestataires et a fait de nombreuses promesses. Certains ont été favorisés et ont obtenu des postes d’administration. Mais au final, très peu ont été servis. Ils n’auraient jamais dû accepter les belles paroles du chef de l’état...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jérémie Dres s’est fait une spécialité du reportage historique en BD. Cette fois, loin de ses études sur les Juifs ou la seconde guerre mondiale, il s’intéresse à un sujet particulièrement sensible à notre époque : l’histoire de l’Afghanistan et la montée du terrorisme. Dans un roman graphique bien pensé et bien maîtrisé, il décrit toutes les étapes du terrorisme opéré par les Talibans d’Al-Qaïda : des étapes qui nous rappellent énormément le fonctionnement de Daesh, que ce soit par les techniques d’enrôlement, les implantations en Europe, les camps militaires, le lavage de cerveau, la radicalisation et l’action terroriste. Certes, le fonctionnement est simple et classique dans le cadre d’un reportage BD, mais Dres maintient l’intérêt grâce à une construction du récit réfléchie et habile. Alternant les différents moyens de communication (interviews, témoignages ou récits enchâssés), la diversité du propos évite la lassitude d’un cours d’Histoire. La pression monte également petit à petit avec une situation qui se durcit au fur et à mesure et l’ombre de Ben Laden qui plane sur l’album. Parfaitement documentée et très bien traitée, l’étude historique est complète tout en étant très accessible. Cette simplicité vaut également pour le dessin qui, même s’il est parfois très minimaliste, ne manque pas d’efficacité et de vie. Les paysages d’Afghanistan sont bien rendus, malgré un trait un peu schématique dans l’ensemble. Le devoir de Mémoire est d’autant plus efficient que l’on vit aujourd’hui le retour des talibans au pouvoir, l’héritage sanglant d’Al-Qaïda et les commémorations du 20ème anniversaire du 11 septembre.