L'histoire :
Mercredi 1er septembre, c’est jour de rentrée pour tous les instituteurs de France et de Navarre qui retrouveront sous peu leur classe. Sauf que pour martin Vidberg, pour sa première année d’enseignement, il n’est que remplaçant et doit attendre de connaître son affectation. Peine perdue aujourd’hui, à l’inspection d’académie, ils n’ont rien pour lui. Alors Martin rejoint pour un temps un établissement de rattachement et aide ses collègues à diverses taches administratives et les soulage le cas échéant. En fait, Martin attend que le téléphone sonne. Non qu’il en déborde d’envie, il en aurait au contraire plutôt peur – le téléphone est l’ennemi du remplaçant – mais il sonnera, c’est sûr. Premier remplacement en effet, auprès d’une classe mixte d’un petit village de la région. Un remplacement sans histoire si ce n’est qu’il se fait naturellement au pied levé, sans réelle préparation aux taches qui lui sont demandées comme d’emmener ses élèves à la piscine, lui qui n’a strictement aucune formation pour cela. Le remplacement terminé, il faut rendre sa classe à la collègue guérie et attendre encore d’être appelé sous d’autres cieux. Sauf que ceux-ci peuvent ressembler à l’enfer, ou du moins s’en approcher, lorsque l’on est désigné « volontaire » auprès d’un institut de redressement pour élèves ultra-violents : à l’instar de ces enfants, rien ne lui sera épargné…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Whaaouuuu ! Décidément, cette collection Shampooing elle vous défrise ! D’accord, côté dessin, ce n’est pas toujours l’extase, souvent simpliste, parfois minimaliste, néanmoins efficace et toujours plaisant. Mais surtout, côté scénario, les « amateurs » recrutés (judicieusement !) par Lewis Trondheim – le bougre a le nez fin - sur la toile maîtrisent diablement bien les ficelles d’une narration BD poignante et vraie. Sans doute est-ce parce qu’à l’instar de ce Journal d’un remplaçant, les albums se veulent autobiographiques et parlent d’une réalité qui n’a jamais autant dépassée la fiction. Mais pas seulement, le talent y fait aussi… Voilà maintenant quelques années, un ministre s’est fait viré pour avoir voulu « dégraisser le mammouth » ; Martin Vidberg, jeune instituteur d’environ 27 ans, semble indiquer qu’à la rentrée 2004, rien n’avait trop changé. Parachuté sans aucune aide pédagogique et/ou aucune formation spécialisée, le voilà responsable de 6 élèves en zone ultra-encadrée (en principe, si l’on fait abstraction de tout projet pédagogique sensé). 6 élèves pour un nombre d’adultes au centuple mais 6 élèves qui concentrent sur eux seuls tous les sévices imaginables. En quelques pages et réflexions mûries, les discours médiatiques et académiques volent en éclat ! Le sujet est grave, cœur d’un enjeu sociétal majeur, et pourtant l’humour est encore une fois là pour aider relativiser. Du moins à faire passer la pilule, le temps d’une année. Rien ne lui aura été épargné et cependant le remplaçant a tenu bon (quand nombre de collègues démissionnent), s’est attaché aux enfants terribles au point d’envisager y retourner. La vocation ? Admirables sont ceux qui choisissent « le plus beau métier du monde »…