L'histoire :
Fedor est maître tapissier en Voldanie, un pays qui ressemble à la Russie enneigée et splendide du XIXème siècle. Tandis que sa femme et sa fille fabriquent de magnifiques tapis, lui sillonne les villes et les villages, tirant à pied son traîneau chargé, pour les vendre. Hélas, les affaires ne sont plus aussi florissantes qu'auparavant. La mode est aux sols en parquets. Lors d'une pause casse-croûte en campagne, Fedor vient en aide à un jeune braconnier poursuivi par des soldats. Par mégarde, Danil a en effet tué le lévrier du seigneur local. Or le braconnage est puni de mort ! Comme un réflexe, Fedor déroule en urgence un tapis magique et offre à Danil de grimper dessus. De quelques gestes savants et rapidement exécutés, le tapissier pilote le tapis, qui les emporte tous deux haut dans les airs, laissant les soldats du Boyard Nazar Alymoff pantois. Fedor emmène ainsi le jeune Danil jusque chez lui, où il lui présente sa femme Irina et sa fille Katia. Pour le prix de son sauvetage et de sa cargaison perdue, car laissée sur place, Fedor réclame du jeune homme qu'il lui offre un an de sa vie. Durant cette période, il lui apprendra le pilotage et la confection des tapis. Danil trouve ce deal équitable et accepte d'autant plus volontiers qu'il tombe immédiatement amoureux de Katia, de son âge. Néanmoins, les premiers temps d'apprentissage sont laborieux, les commandes pour diriger les tapis étant très sensibles...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La trop rare collection des Enfants gâtés des éditions Delcourt s'avère un écrin à la hauteur des larges et belles planches d'Alexis Nesme pour ce Maître des tapis. La luxuriante griffe artistique de ce dessinateur avait été précédemment quelque peu étriquée sur les trois tomes petit format des Enfants du capitaine Grant. Nesme met ici en images un conte original de 24 pages, imaginé par Olivier Beys. Bien qu'imaginaire, le contexte lorgne grandement sur la civilisation russe du XVIIIème ou du XIXème, option paysages enneigés, isbas traditionnelles, ciels bleu azur et couchers de soleil flamboyants. Le récit nous présente globalement le transfert de compétence – concernant la confection et surtout la magie – entre un vieux maître tapissier et son jeune apprenti, qui deviendra son futur gendre. Une traque se met également en place à son endroit, pour se resserrer au moment d'un climax tragique. Régulièrement accompagnée par des encadrés récitatifs, cette trame se suit agréablement, mais sa simplicité, qui la destine à un jeune public, ressemble par trop à une mise en bouche... et manque d'un développement final qui mettrait une forme de morale en exergue. Sa grande plus-value se trouve évidemment dans le dessin enchanteur de Nesme. Les paysages romantiques, les troupes soldatesques, les isbas à l'architecture soignée, leurs toitures à bulbes et leurs intérieurs richement décorés, la finesse des motifs des tapis et jusqu'aux cases souvent enluminées... Quel merveilleux et fabuleux boulot ! Cerise sur le gâteau : un pop-up à découper et à monter soi-même est proposé en annexe, pour les enfants qui souhaiteraient s'immerger dans ce mirifique décorum.
