L'histoire :
Le Président de la République Française a disparu depuis plusieurs semaines. La police suspecte le lobby du parmesan d’avoir fait le coup. Mais faute de preuve, rien n’est certain. De fait, une nouvelle élection est en cours et il ne reste déjà plus que deux candidats au second tour. La première représente le parti d‘extrême centre. Elle propose de supprimer le chômage, les scandales financiers et alimentaires, les détournements d’argent et aussi les flans qu’on vend au supermarché, parce que c’est pas bon. L’autre représente le PROUT (Parti des Républicains Oligarques et Ultra-Techniques), un parti qui est mieux. Et il propose tout pareil, sauf pour les flans du supermarché, qu’il veut conserver. A quelques heures du résultat final, les journalistes lancent le compte-à-rebours. Le candidat « qui est mieux » passe les derniers instants en famille. Il sent bien que c’est lui qui va être élu. Et ça ne manque pas, il gagne 3-0. Les journalistes montrent des jolis graphiques à la télé. Le nouveau président élu fait une allocution, devant une foule en délire. Il prononce quelques tautologies puis pose publiquement une question essentielle : puisqu’il doit emménager à l’Elysée, doit-il prendre son duvet ou bien est-ce qu’il y a tout pour le dodo ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si le grand théâtre de la politique française vous déprime et qu’une irrépressible envie de tout prendre à la dérision vous tenaille, ce bouquin est fait pour vous. Car c’est à cela que s’emploie Yann Rambaud dans cette grosse blague qui met tout le monde dans le même sac du crétinisme : les politiques en place et leurs opposants, les lobbys, le cirque médiatique, les stratégies minables, les conseillers de l’ombre, les français de la rue, les patrons d’usine... Des plateaux télés en reportages, de la vie intime du Président à ses discussions futiles avec son équipe, on peut ainsi se gausser sans la moindre prétention de satyre, tellement les vannes sont débiles, à tendance régressives. Or souvent, les répliques sont tellement ineptes, que ça en devient régulièrement bidonnant. Rambaud dessine ses personnages sous un trait semi-réaliste volontairement non-expressif, sans grand intérêt artistique. Il ne cherche nullement à coller graphiquement à des politiques existants : afin de n’être ni partisan, ni caricaturiste, il les représente sans yeux. On reconnait tout de même les « modèles » qui l’ont inspiré et qui collent (ou pas) à des protagonistes authentiques (Macron, le Pen, Hollande, Trump… mais aussi Wauquiez, Coppé et même Stéphane Bern et Romain Duris dans leurs propres rôles !). Le style de trait et le registre humoristique (qu’on qualifiera de « on s’en balek ») fera penser à du Fabcaro. Mais du Fabcaro moins « profond » concernant le propos social, avec un message de fond léger et des pures vannes puériles, façon Chabat. « La vie politique française, c’est du gros pipeau à deux balles, joué par des guignols ».