L'histoire :
Un groupe d'amis décide d'aller tenter une aventure au bout du monde, dans un fjord entre l'Alaska et le Canada, qu'il vont remonter en kayak. Au bout de l'expédition, il y a la nature sauvage du grand nord, les paysages intacts, les baleines. Les quatre hommes ne sont plus des ados, ils ont déjà pas mal voyagé ensemble, mais ils sont conscients qu'une bonne préparation physique leur sera nécessaire. Ils se renseignent auprès de ceux qui ont déjà effectué cette remontée, et très vite le projet devient une urgence pour chacun d'eux. Quelques jours d'entrainement dans les vagues bretonnes en plein mois d'avril, et c'est en août qu'ils vont monter dans l'avion qui décolle de Roissy. Lorsque leur deuxième vol atterrit à Prince Rupert au Canada, ils observent déjà des signes du réchauffement climatique avec des cèdres rouges desséchés sur le bord de la petite piste. Le lendemain, ils prennent possession de leurs kayaks dans le hangar de Joe, qui leur donne quelques conseils d'habitué. Une session d'achat de vivres au Walmart local, et ils sont prêts. Des miettes de thons, des tortillas, de quoi prévoir un apéro par jour. Quelques péripéties plus tard et la défection de Moritz, Adrien, Maxime et Adrian vont donner leur premier coup de pagaie sur des eaux étonnamment calmes, sous une température plus que clémente. L'exploration commence...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les images de Bach Maï, dont c'est le premier album de BD, sont extraordinaires dans leur capacité à faire passer l'émerveillement des trois touristes aventuriers à mesure qu'ils progressent vers le nord. La montée en puissance est sensible, et si le début du récit est un peu laborieux dans son aspect guide de préparation au voyage, le premier coup de rame change tout et nous fait plonger. Le scénario de Maxime de Lisle, en revanche, ne cherche pas d'effet particulier. Il décrit factuellement les étapes, essaie de nous sensibiliser à la force des quelques rencontres que font les trois voyageurs, et n'oublie pas de nous expliquer qu'en pleine nature sauvage, le voyageur respectueux enterre ses déjections 10 centimètres sous terre pour déranger le moins possible la faune sauvage dans son habitat. Tout l'album est d'ailleurs empreint de cette sensibilité à l'impact des touristes sur les écosystèmes qu'ils traversent. Maxime et ses amis eux-mêmes mentionnent au détour d'une phrase leur culpabilité carbone d'avoir fait plus de 10 000 km en avion pour satisfaire leur envie d'aventure. C'est d'ailleurs à partir du moment où l'auteur met en avant ses convictions écologistes que le propos devient un peu embarrassant. Certes, les trois amis respectent les endroits qu'ils traversent, mais ils sont tout de même venus de Paris pour les visiter. Alors pourquoi vomir littéralement sur le ferry rempli de touristes qu'ils croisent avant de rentrer ? Est-ce que revenir plein de convictions autorise à afficher du mépris pour ces flux de gens normaux qui, eux, ont pris un bateau ? Ce voyage merveilleux se termine en douche froide désabusée.
