L'histoire :
Aux confins de l’Europe septentrionale, existe une frontière que des géographes inventifs ont nommé « bordure » pour devenir au fil des ans, « borée ». Le grand Duché de Valduzia en revendique la possession. Mais force est de reconnaitre qu’au milieu du XVIIe siècle, personne ne sait vraiment ce qu’il y a au-delà. Peu, d’ailleurs, se sont risqués à s’y aventurer… Un matin de 1658, Oktavius de Pikkendorff, un jeune noble désargenté, se présente au Grand Duc de Valduzia, August III, espérant mettre son épée à son service. Le Prince souverain lui offre alors le commandement militaire de Ragen, à la frontière-Est du territoire. La ville de 3000 âmes a des allures de bourgade. Les hommes de la garnison vivent leur exil comme une punition et le gouverneur en place fait preuve de peu d’initiatives. Enfin, personne ne semble s’être jamais inquiété de ce qu’il pourrait bien trouver au-delà de la ville : Ragen est une fin, pas un commencement… Lors d’une visite dans le quartier juif, Oktavius fait la rencontre d’un riche marchand qui, lui, voyage beaucoup. Il prétend même s’être enfoncé souvent à plus de 3 jours de marche au nord-Est sans avoir rencontré le moindre signe de présence humaine. En le quittant, Pikkendorff est convaincu que le vieil homme ne lui a pas tout dit. Mais pour l’heure, il a surtout une autre idée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Prévue en 4 tomes (pour les 4 siècles sur lesquels s’étend la saga, soit de 1658 à 2002), cette nouvelle adaptation d’un roman de Jean Raspail par Jacques Terpant s’ouvre par une mise en bouche forte appétissante. En particulier, elle donne l’occasion à ceux qui auraient commis l’impardonnable en ne s’offrant pas la lecture de Sept cavaliers, de pénétrer dans l’univers particulier de ce binôme talentueux… L’Homme et sa destinée semblent à nouveau être au centre du récit. Et si, dans la précédente adaptation, il devait se confronter à la fin d’un monde et son cartel de déliquescence, c’est ici la découverte d’un territoire inconnu et ses surprises (bonnes ou mauvaises) qui donnent le tempo. Aventure, dramaturgie, velléités épiques, mystères ou teintes romantiques s’invitent à nouveau. Mais hormis la famille Pikkendorff (représentée par Oktavius dans ce 1er tome, puis son fils et leurs descendants dans les prochains) qui fait le lien entre les deux séries, les deux histoires n’ont rien à voir. On découvre ici, à Ragen, la frontière-Est du Grand Duché de Valduzia. Au-delà : l’inconnu, le tourbillon des grands espaces et l’hypothèse d’un peuple mystérieux y séjournant. En dehors des mystères de ce territoire à découvrir, véritable fil rouge-aiguillon, c’est surtout la destinée d’Oktavius de Pikkendorff, militaire envoyé sur cette frontière par le Prince souverain, qui fait l’intérêt du récit. De ce point de vue, d’ailleurs, l’opus constitue une histoire indépendante en elle-même (avec une fin…) tout en réussissant à solliciter notre envie d’en savoir un peu plus désormais. Le découpage est le bon qui laisse cet univers nous apprivoiser, happer notre curiosité et nous attacher aux nombreux protagonistes sans effort. Le trait de Jacques Terpant, son habile mise en couleurs, son dévouement à nous transmettre les grands espaces, participent également grandement à la réussite de cette nouvelle collaboration.
