L'histoire :
Dans la chine médiévale fantastique, le jeune Wu Gang s’est engagé bien malgré lui dans une quête le liant à une épée noire brisée en deux. En suivant les pas du sage Erlang, il se retrouve aujourd’hui face à une voleuse de son âge, qui convoite elle aussi l’épée noire. Pourtant, leur combat vient à peine de commencer, que le temps se fige. Une sorte de parenthèse spatio-temporelle s’ouvre alors pour Wu Gang, qui se retrouve face à un temple maoïste. A l’intérieur, un vieux sage lui offre un peu de thé et lui propose d’accomplir son rêve, à la condition d’affronter son pire ennemi : lui-même. Wu Gang est alors invité à rejoindre une salle d’arme, où l'attend un adversaire masqué. Wu Gang transperce ce dernier et découvre qu’il s’agit d’un clone de lui-même. Voulant ressortir pour demander des explications au sage, il arrive dans une nouvelle salle d’arme, identique, face à... 2 adversaires masqués. Il affronte ainsi avec succès des charges de 3, 4, 5 clones à la fois, avant de comprendre qu’il faut se laisser occire avec sagesse pour dominer l’épreuve. A ce moment, la parenthèse spatio-temporelle se referme pour Wu-Gang, mais s’ouvre pour la voleuse, qui se retrouve face au vieux sage maoïste. Ce dernier lui offre du thé et lui propose d’accomplir son rêve si elle surmonte une épreuve….
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Autant le dire d’emblée : ce troisième épisode s’impose comme la clé de voute de la série. On y apprend enfin la destiné d’Erlang, le sens de sa quête et toute la symbolique du sabre et de l’épée. Tout se déroule pourtant en une même unité de lieux et de temps, flashbacks et parenthèses temporelles mises à part. En effet, entre la première et la dernière case de cet épisode charnière, les protagonistes ne bougent pas du terrain de bataille que nous avions abandonné à la fin du tome 2, c'est-à-dire là où Erlang vainquit les troupes du général Zhao Xiang. Si le scénariste David Chauvel emprunte logiquement une voie plus mystique, l’atmosphère du récit s’assombrit également, accordant moins de larges décors poétiques et de panoramiques fascinantes à son dessinateur Hervé Boivin. Le travail de ce dernier est néanmoins toujours aussi enthousiasmant. Assurément, Boivin sait dompter en 2 dimensions le volume des chorégraphies de wu xia pian (chevalerie à la mode chinoise : Tigres et dragons…). Des lignes de fuite, des perspectives impeccablement rendues, une gestion exemplaire des kimonos (plis et amplitudes des mouvements), un découpage ad hoc… Vite, la suite, car comme le dit le proverbe chinois : « Les fleurs de l’avenir sont dans les semences d’aujourd’hui ».