L'histoire :
Ce soir là, le narrateur rejoint en barque le baraquement de son ami William Legrand, situé au fin fond du bayou, du côté de l'île de Sullivan en Caroline du Sud. Legrand est alors absent et l'homme s'installe devant le bon feu qui crépite dans la cheminée. Quand Legrand revient enfin, en compagnie de Jupiter, un esclave affranchi, il a les yeux qui brillent. Il explique aussitôt à son ami qu'il a fait une découverte entomologiste de premier ordre : un scarabée de couleur d'or, pourvu d'étranges tâches sur la carapace. Lorsque le narrateur lui fait remarquer que ces tâches dessinent une tête de mort, Legrand est lui-même très perturbé. Son comportement limite inconvenant pousse l'homme à s'en retourner chez lui. Un mois plus tard, Jupiter s'en vient quérir de nouveau l'homme en ville : son maître est devenu comme dément et il a besoin de lui pour une curieuse chasse au trésor. De bonne volonté, l'homme retourne donc dans le bayou et accompagne Legrand et Jupiter en excursion. Après deux heures de marche, Legrand demande à Jupiter de grimper jusqu'à la septième branche d'un immense tulipier, avec le scarabée en main, attaché à une ficelle. Puis d'en bas, il lui hèle de passer l'insecte et la ficelle par l'orbite d'un crâne humain qui se trouve mystérieusement scellé ou bout de la branche...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Parue en 1843, Le scarabée d'or fut la nouvelle la plus lue du vivant d'Edgar Allan Poe, inscrite au sein de ses Histoires extraordinaires. Elle fut également celle qui lui rapporta le plus d'argent, étant donné qu'elle remporta un concours organisé par le journal Dollars Newpaper. Comme l'exige la collection Ex-Libris de Delcourt, Corbeyran fait ici une adaptation fidèle du texte originel, en 46 planches. Voix off littéraire, ambiance lugubre, mystère rapidement planté autour d'un scarabée à tête de mort, fausses pistes... A la suite d'un narrateur anonyme, l'on participe donc à une chasse au trésor atypique, à partir d'un message codé alambiqué, qui n'aurait certes plus grand-chose d'original aujourd'hui... Mais il faut savoir que c'est Poe qui inventa le mécanisme narratif et contribua donc, à l'époque, à populariser la cryptographie. Corbeyran scénarise cette histoire pour son ami Paul Marcel, avec lequel il a déjà livré le Malvoulant. La griffe douce, subtile, besognée et néanmoins tourmentée du dessinateur est de nouveau de mise, parfaitement adaptée et congrue pour nimber d'étrange le récit. Volutes de brumes, paysages torturés, faciès diaboliques... Pas de problème, on est bien dans du Edgar Poe !
