L'histoire :
Paris subit une série de meurtres sans précédent qui ridiculisent la police et font les choux gras de la presse. Des mises en scène sanglantes dans des lieux soigneusement choisis, mais dont le sens échappe au commissaire divisionnaire et son équipe. Lorsque le propre fils du ministre Caillaux est annoncé pour venir renforcer la brigade, il n'est pas question de l'impliquer dans cette enquête bien trop sensible pour un bleu, qui plus est pistonné par son père. Le jeune Pierre Caillaux va donc être confié à L'Ecluse, un policier aigri confiné dans son bureau enfumé du sous-sol. Les deux collègues vont se rendre du côté de la cour St Émilion, le cœur du négoce de vin pour la ville de Paris. Un dénommé Grappa, qui s'est taillé une belle réputation dans le milieu pour ses assemblages audacieux, a été assassiné sans mobile apparent. Le tout jeune policier va alors tenter de percer ce mystère, tandis que son vieux collègue boit des coups avec ses amis, qui sont visiblement très nombreux dans ce milieu. Mais le meurtre d'une femme dont le cadavre a été broyé dans une imprimerie va faire monter d'un cran la tension autour des enquêteurs...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce one shot de Frédéric Bagères et David François est un mélange d'exercices de style, autant sur le plan graphique que sur celui des dialogues et de l'ambiance. Les personnages typiquement parisiens du début du siècle parlent un argot d'époque plein d'expressions fleuries. Tandis que les quelques décors extérieurs montrent de très beaux paysages, dans un style très personnel aux perspectives délibérément relâchées, assez séduisant. Sur le fond, cependant, l'enquête policière se développe par à coups, avec des scènes rapides qui succèdent parfois à des pages de dialogues très statiques. Les auteurs proposent des enchaînements étranges à la lisibilité questionnable, comme cette case blanche inutile en page 22, ou cette image tout simplement incompréhensible (une fenêtre ?) en bas de la page 39. Le dessinateur David François assume son style très particulier aux formes fluctuantes, qui peut donner des images très belles aux couleurs originales. Mais il lui reste un vrai travail à faire pour passer de l'illustration à la narration, et passer en un mot du mouvement dans les cases au mouvement entre les cases. La collaboration avec Frédéric Bagères, dont c'est le premier scénario de BD, ne lui permettant pas de s'appuyer sur un vieux de la vieille (expression parisienne d'époque) qui l'aiderait dans le sens d'une plus grande maîtrise séquentielle. Un album bourré d'intentions louables, d'une originalité indéniable.
