L'histoire :
Passent les humains : Après s’être un peu perdus dans le bois sauvage, dans un décor de neige quelque peu inquiétant, Taupe et Rat toquent à la porte de Blaireau. Affable quoique bougon, Blaireau peine tout d’abord à les distinguer de deux bonhommes de neige… puis il les invite à descendre se réchauffer en son doux foyer. Taupe et Rat profite alors d’un dîner frugal, d’une bonne cheminée, puis d’un lit douillet. Le lendemain, au réveil, ils font la connaissance de jeunes hérissons dégourdis et visitent plus en profondeur le terrier de leur hôte…
La nostalgie du logis : Sur le chemin du retour, et alors qu’ils passent à proximité du terrier de Taupe, ce dernier est pris d’une profonde nostalgie de son chez-lui. Pensez donc : cela fait plusieurs mois qu’il n’y est plus retourné ! La larme à l’œil, iI parvient à décider Rat de l’y accompagner…
La folie crapaud : Blaireau s’en vient quérir ses amis Rat et Taupe, car il a décidé qu’il était grand temps de sevrer leur ami Crapaud de sa dernière lubie pour les automobiles. D’un pas décidé, ils se rendent en son castel et utilisent la manière forte…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Michel Plessix poursuit ici sa magnifique adaptation du roman jeunesse éponyme de Kenneth Grahame, en lui accordant sans doute la partition séquentielle la plus savoureuse qui ait pu être produite sur cette matière spécifique. Trois nouveaux chapitres sont au menu, qui voient Rat, Taupe, Blaireau, Loutre et Crapaud affairés à diverses activités épicuriennes, au sein de leur petit microcosme. L’amitié qui se noue durablement entre ces protagonistes trognon est d’autant plus forte, qu’elle passe parfois par des phases de désaccords. Ainsi Taupe est-il effondré croyant que Rat lui refuse de retourner chez lui ; ou Crapaud se retrouve t-il sevré et enfermé de force par ses propres amis. Les deux premiers récits accordent une large place à la poésie, à la saveur pastorale des saisons qui passent… sans autre véritable « intrigue » alambiquée. Le dernier chapitre se rattrape en musclant un tantinet la narration, à travers la lubie problématique et démentielle de Crapaud pour les automobiles. Un teaser nous donne d’ailleurs rendez-vous au prochain épisode, abandonnant notre batracien en bien fâcheuse posture. Ce faisant, Grahame-Plessix livrent un pamphlet anti-bagnole qui prend tout son sens face à la question écologique actuelle (rappelons que le roman original a été publié en 1908…). Evidemment, surtout, le dessin est une nouvelle fois mirobolifique ! Personnages zoomorphiques truculents et attachants, décors bucoliques, détaillés et soignés, couleurs chatoyantes, profondeurs de champs et cadrages aux petits oignons… Du grand, du très grand 9e art !
