parution 14 mars 2012  éditeur Delcourt  collection Histoire & Histoires
 Public ado / adulte  Mots clés Historique

Leçons coloniales T1

En 1945, une institutrice prend avec enthousiasme son nouveau poste à Setif, au moment où germe une insurrection civile. La première BD signée Azouz Begag : une lecture éclairante doublée d’un regard humaniste sur les « évènements » d’Algérie…


 Leçons coloniales T1, bd chez Delcourt de Begag, Defali, Ralenti
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

©Delcourt édition 2012

L'histoire :

En mars 1945, l’institutrice française Marie Delmas est accueillie au port d’Alger par Jean Louis, inspecteur d’académie. Elle a la vocation et montre une véritable motivation pour éduquer aussi bien les français expatriés que les « indigènes ». Affable et prévenant, l’inspecteur l’accompagne en bus jusqu’à Setif, où elle sera en poste. Elle prend alors la mesure des mentalités coloniales ségrégationnistes et fait la connaissance de l’aimable pharmacien local, Fehrat Labasse. Elle ignore que celui-ci entretient de mystérieuses relations avec les GIs américains, qui ont également une base dans la région. Puis elle rencontre les parents d’élèves au sein de la petite école où elle officiera. Elle s’étonne alors de ne voir que des blancs… La nuit venue, le pharmacien a rendez-vous sur une base aérienne américaine. Il y prend note d’une livraison d’armes, au service de son mouvement secret nationaliste. Un algérien qui a vu clair dans son double-jeu, l’attend alors à la sortie et lui recommande vivement de ne pas mêler son fils Amor à ses magouilles. A cette époque, Amor passe ses journées à garder les moutons, dans la rocaille. Mais dès qu’il le peut, il espionne, par un petit trou du mur de l’école, les cours prodigués aux français par Mademoiselle Delmas. Et il prend des notes…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Cette fresque historique est tout d’abord née de la volonté de Djillali Defali, d’origine algérienne, de faire une BD sur les tirailleurs algériens et l’implication militaire de cette colonie française aux côtés de sa Nation de rattachement. Vues l’ampleur et la nature du sujet, le dessinateur a souhaité s’appuyer sur les talents d’un écrivain qualifié. Or au même moment, Azouz Begag préparait justement un film sur les origines du massacre de Setif, un évènement déclencheur de la guerre d’Algérie, encore aujourd’hui matière à polémique (combien de milliers morts exactement ? quelles responsabilités ?). L’écrivain a alors été convaincu par l’adéquation du medium BD pour fusionner leurs deux projets. Toutefois, le présent one-shot qui en résulte n’a pas vocation à dénoncer l’Histoire et prend le titre en contrepied : en aucun cas, le récit ne cherche à extrapoler de « leçons » politiques ou morales. Les auteurs ont plus cherché à montrer les germes de la révolte algérienne qu’à dénoncer les massacres en eux-mêmes. D’ailleurs, ceux-ci sont juste suggérés à la fin de l’album. Au-delà du principe de la révolte, les auteurs mettent en exergue le poids des mentalités capables de miner les (bonnes) intentions politiques. Ils insistent surtout sur le rendez-vous manqué de l’éducation des « indigènes » algériens, une thématique chère à Begag, à plusieurs titres. Originaires de la région de Sétif, ses parents étaient en effet analphabètes à cause des principes pernicieux de la colonisation. On comprend là aussi toute la légitimité de son poste de Ministre délégué à la promotion de l’égalité des chances sous le gouvernement Villepin. Reste que sur la forme, en dépit du sérieux du dessin réaliste et des louables ambitions humanistes, à trop vouloir éviter le spectaculaire racoleur, l’album a une petite tendance à manquer de souffle et par moment de rythme. Restons indulgents : c’est après tout la première BD de Begag en tant que scénariste…

voir la fiche officielle ISBN 9782756026954