L'histoire :
Les slogans des khmers rouges martèlent leur appel à la solidarité en direction de la population. Mais en 1979, tout ceci va s’effondrer lorsque les troupes vietnamiennes envahissent le Kampuchéa, le Cambodge. Nhek, un jeune homme, doit s’exiler suite à l’arrestation de son frère par les soldats de l’Angkar. Au cours de son long voyage, il fait plusieurs rencontres parmi lesquels une jeune femme qu’il trouve blessée, se vidant de son sang dans les fourrés. Elle l’implore à l’aide. Nhek décide alors de la soigner et de la cacher des troupes vietnamiennes, déjà responsables de ses blessures. Les bombardements s’intensifient, la population subit encore une fois les attaques des armées. Nhek commence à désespérer. Une étrange apparition attire alors son regard. Un moine avance sous la pluie et bénit tout ceux qui lui demandent. Reprenant sa route, Nhek rejoint alors un groupe essayant de fuir vers la Thaïlande. Mais le chemin est extrêmement long et surtout très dangereux. Une nouvelle épreuve s’annonce…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Séra, déjà dessinateur dans la même collection de L’eau et la terre (et chez d'autres éditeurs des Processionnaires et de Vlad l’empaleur) nous narre ici les mésaventures d’un jeune cambodgien au sein d’une guerre à laquelle il essaie à tout prix de survivre. D’origine cambodgienne, l’auteur nous montre ainsi sa vision d’un passé qu’il a connu malgré lui : il a réellement vécu au Cambodge, mais avant, de 1961 à 1975. Son approche visuelle très particulière se caractérise par des vues réalistes et de grandes cases. Ses personnages sont composés de traits fins et le travail effectué sur les couleurs et les encrages tend à pousser le rendu final vers l’illustration. Les décors sont merveilleusement rendus, nous emmenant dans un voyage maudit. Malgré ses qualités esthétiques évidentes, le scénario à la portée forte s’en trouve amoindri par une mise en scène lente et peu expressive. Un certain manque de lisibilité gâche au final cette œuvre très personnelle, qui mérite néanmoins une relecture pour apprécier ses qualités. Un premier aspect brut de décoffrage qu’il faudra subir pour redécouvrir une histoire tragique, hélas trop peu connue des occidentaux, mais dotée d’une portée universelle. Cet album, le 3ème de la collection des œuvres autobiographiques de Séra, bénéficie d'une nouvelle couverture à l'occasion de la réédition de la série.