L'histoire :
Helios est une gigantesque cité de métal, rouillée et pourrie par la vermine, sur une planète marécageuse très hostile. En son sein, Ylang, une jeune femme courageuse, a enfin été adoubée « dragon », c'est-à-dire qu’elle est devenue une guerrière de haut rang, chargée de protéger la cité contre ses mille dangers. Mais cette ascension sociale, qui la place aujourd’hui parmi l’élite, s’est faite au prix de sacrifices quasiment inhumains : la dernière étape, symbole de sa foi envers le « Torkamak », a consisté à pourfendre sa mère, de sa propre main. Quelques années plus tard, la jeune femme sensible a donc fait place à une guerrière surentraînée et fidèle à la théocratie, prête à défendre le dogme contre les hérétiques. Or, à la tête de ces derniers, elle retrouve Byrd, son ancienne amante, accompagnée de Doggy, un vieil ami. Reniant sans hésiter ses compagnons d’enfance au nom du Torkamak, Ylang les arrête et les condamne à un travail suicide : souder une fissure apparue sur le saint-Ciboire. Contenu dans cet immense réservoir en suspension, le Torkamak est en effet un liquide extrêmement acide, que le dogme despotique considère comme le cœur de la cité. C’est alors que, durant l’accomplissement de cette tâche hautement périlleuse, un kamikaze fait exploser une nitrosphère. L’apocalypse est inéluctable : les fissures se multiplient, le Torkamak entre en fusion, déborde et transperce ses fondements…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
D'après nos informations, ces Ames d’Helios étaient jusqu'alors prévues en 5 tomes. Or, voilà que le mot fin apparaît au terme de ce quatrième volet… Les auteurs auraient-ils été pressés par l’éditeur d’en finir au plus tôt en raison d’un succès mitigé ? Toujours est-il que cet ultime épisode reprend après une bonne grosse ellipse : notre petite Ylang n’est plus la même. Certes, on comprend que cette métamorphose radicale est la conséquence du sacrifice qu’elle a vécu à la fin du t.3. Mais bon, on aurait aimé la suivre dans cette évolution, afin de mieux en comprendre l’ultime conversion. Car immédiatement après avoir présenté ce nouveau caractère, le scénariste Saimbert procède à la destruction terrifiante (et inéluctable) de son univers. Ylang recouvre au passage un soupçon d’humanité qui sonne, de fait, terriblement faux. Enfin, l’épilogue surprise baigne dans l’ésotérisme, sous la forme d’un Armageddon un peu « facile » et bien décevant. Certes, graphiquement, ce monde futuriste est toujours parfaitement cohérent, le récit idéalement rythmé, particulièrement explosif et dantesque dans cet ultime volet. Le savoir-faire artistique et les ambiances glauques à souhait de Roberto Ricci demeurent le meilleur atout de la série, même si le dessinateur se fait ici moins précis sur certains visages. Au final, ce « quadriptyque » de science-fiction ténébreuse, abordant la question du déterminisme social et des dogmes religieux, est tout de même une série qui comblera les amateurs du genre.