L'histoire :
Retour au QG de la Pieuvre, dans le XVIIème arrondissement parisien en septembre 1898. La jeune femme qui s’y présente s’occupe sans ménagement des deux hommes de main qui croyaient pouvoir l’empêcher d’entrer. Primera est la fille de l’Oeil de la Pieuvre, qui vient de se faire éliminer. Les autres membres de la direction du groupe l’accueillent et analysent la situation : un groupe de quelque 200 ennemis veulent l’abattre. Parmi eux, quelques dizaines ont un don surnaturel, un talent. La Bouche et le Nez sont sortis de prison, l’Oreille ne devrait pas tarder à les rejoindre, grâce à leurs relations haut-placées. Ils vont construire un plan, pendant que la Bête, laissée pour morte en forêt de Fontainebleau par les tueurs qui ont sauvé Primera, s’approche de la ville. Quelques jours plus tôt à l’Hôtel-Dieu, Fannie se livrait à une expérience utilisant le don qui lui permet d’entrer en contact avec l’esprit d’une autre personne, en tentant de sortir une patiente de sa catatonie profonde. Un autre personnage doué du talent de résister aux balles va se faire arrêter, entrer en contact avec la Pieuvre à travers la Bouche, qui va également contacter Fannie dont le talent pourrait l’aider à mener une affaire personnelle. Les ingrédients d’une confrontation aux multiples facettes sont en place.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Gess continue l’exploration de l’univers fantastique qu’il a créé avec La Malédiction de Gustave Babel. Il enrichit son Paris de la fin du XIXème siècle d’une nouvelle galerie de personnages, plaçant au second plan ceux qu’il a mis en avant précédemment, comme Célestin. Le rythme effréné et la multiplicité des séquences d’introduction ne tolèrent pas une lecture distante, il faut se plonger dans l’ambiance et s’offrir une deuxième lecture pour apprécier l’ambiance surnaturelle dans les décors très réalistes d’un Paris de roman classique. L’auteur se laisse le temps de faire durer les séquences qu’il juge nécessaires, comme la longue séance de torture de Chien-Fou, l’homme qui résiste aux balles. Il parsème ses pages de références aux comics qui l’ont influencé, comme cet hommage à la scène culte où l’on voit Méphisto assis sur son trône, dans un épisode culte du Silver Surfer de John Buscema, en page 106. Les fans continueront d’être surexcités en constatant l’imagination débordante dont il fait preuve, une nouvelle fois sur plus de 200 pages. L’album peut se lire de manière indépendante, on devine que des choses ont déjà été racontées au cours d'albums précédents, mais sans que cela génère de frustration (c’est aussi valable pour les lecteurs dotés d’une mémoire de poisson rouge). En tout cas, on ne voit aucune raison pour que l’auteur s’arrête en si bon chemin, à un tempo qui force le respect. C’est en effet un petit pavé tous les deux ans que nous découvrons depuis le premier volume.
