L'histoire :
Gustave n'a pas eu grand chose à faire pour liquider la nouvelle victime que ses commanditaires avaient désignée, puisque lorsqu'il arrive sur place, l'arme au poing, l'homme est déjà mort. Mais la Pieuvre, organisation criminelle qui l'envoie en mission, ne lui en veut pas. Le boulot est fait, il touche son salaire en cash. Il retrouve Filoche, nom d'emprunt de Mado la prostituée avec laquelle il a passé une partie de son enfance. La jeune femme malmenée par son souteneur l'aide a remettre de l'ordre dans ses souvenirs embrumés, et notamment son expérience avec l'Hypnotiseur, celui qui a le pouvoir de s'effacer du souvenir de ceux qu'il a pris sous sa coupe. Il ne reste à Gustave Babel que des cauchemars sans explication, une tombe mystérieuse, et la date du 24 février 1889. Pour sa nouvelle mission de tueur à gages, il doit se rendre en Italie, non sans avoir décidé qu'il devrait libérer Mado des griffes de son mac. Partagé entre des rêves obscurs et terrifiants, et les vers de Charles Baudelaire qui lui servent de refuge, Gustave va prendre en main son destin. Les images vont petit à petit prendre un sens, et le conduire vers un destin inéluctable.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour son premier album en solo, le dessinateur Gess construit un récit onirique et effrayant, riche de son expérience aux côtés du scénariste Serge Lehmann. Le choix d'ancrer son histoire dans les années 20 rappelle l'époque favorite de Lehmann, notamment avec Metropolis. Le dessinateur choisit de laisser la part poétique de son album prendre une large place, les citations de Baudelaire toujours très belles constituant des points de repères pour le lecteur parfois surpris. Elles portent souvent des pages aux cases légèrement flottantes, le trait fin et les couleurs choisies par Gess contribuant à une ambiance incertaine très maîtrisée. L'histoire avance avec régularité et rassure le lecteur sur la qualité de scénariste de l'auteur. Le pitch initial qui voit Gustave blessé par balles est très vite oublié, pour bien évidemment resurgir en fin d'album. Le procédé narratif est connu, mais il fonctionne très bien. Cet album est donc la découverte d'une nouvelle dimension du talent de Gess. Un vrai conteur d'histoire qui complète le créateur d'ambiances que l'on connaissait déjà. Il faut aimer le mystère et le fantastique version début du XXème siècle. Et se laisser emporter...