L'histoire :
En 1871, le visage de Paris est différent d’aujourd’hui. La tour Eiffel n’a pas encore été érigée, le Sacré Cœur ne domine pas la butte Montmartre, le Louvre n’est pas doté de sa pyramide et Notre Dame n’a pas brûlé. Ce 16 mai 1871, les parisiens ne parlent que d’une chose : renverser la colonne érigée par Napoléon, place Vendôme, symbole des guerres. En abattant ce symbole, la Commune renonce aux conquêtes et jette les bases de l’école laïque, gratuite et obligatoire. Mais quid de Lavalette en ce mois de mai 1871 ? Un document surréaliste va à l’encontre du tableau dépeint de Lavalette jusqu’à maintenant. Le jugement par le 3éme conseil de guerre stipule que le dénommé Lavalette à commis un attentat dans le but de renverser le pouvoir, qu’il a exercé un commandement dans des bandes armées et qu’il a porté les armes, vêtu d’un habit militaire. Jusque-là, rien d’étonnant. De plus, il se serait rendu coupable de séquestrations illégales de plusieurs personnes à l’église Notre-Dame-des-Victoires et complice de pillage en bande organisée. Ce dernier chef d’accusation est gênant. Le rapport d’instruction est cependant détaillé. L’image vertueuse de cet homme s’effrite... Après avoir proclamé la Commune et avoir combattu fièrement les Versaillais, Lavallette serait-il vraiment un pilleur d’église, un tortionnaire !?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est incroyable ce qu’est capable de faire Raphael Meyssan avec des illustrations tout droit sorties des archives de la ville de Paris. Après deux opus brillamment menés, le lecteur se demandera comment l’auteur à pu le surprendre encore une fois. Peut-être par la puissance de la narration. C’est la force de cette série : Meyssan sait nous raconter une histoire et la mettre en scène. Le travail de recherche de l’auteur est époustouflant, tout comme le travail de présentation et de mise en page. Comme pour le précédent tome, les illustrations d’archives sont organisées, réutilisées dans plusieurs cases en étant coupées, découpées, zoomées afin de servir au mieux la narration. Le mécanisme graphique est maintenant connu et ne devrait plus surprendre... sauf que le lecteur restera plusieurs minutes à détailler une gravure afin de s’immerger dans le Paris de la fin du XIXème siècle. Dans cet ultime opus, l’auteur passe en revue les derniers jours de la Commune et la fameuse semaine sanglante, point final de ces deux mois d’indépendance. Cette série s’inscrit après de l’œuvre du grand Tardi, à qui l’auteur fait un joli clin d’œil dans les premières pages de l’album. Cette série fait office d’OVNI dans le paysage de la bande dessinée. Il faut saluer les éditions Delcourt pour avoir donné la chance à Raphaël Meyssan de développer son idée, car dans un secteur de niche, le pari était risqué. Il faut se réjouir de la réussite de ce genre d’album qui permet à la bande dessinée de sortir des sentiers battus, de surprendre les puristes et d’attirer un autre regard sur le 9ème art.