L'histoire :
En son château des Carpathes, le comte Brasov a décidé d’en finir avec la vie. Il rédige son testament et le confie à son majordome Victor qui, à sa demande, verse un poison mortel dans son vin. Puis l’homme demande à rester seul, pour se recueillir un moment dans son bureau. Un cri déchire la nuit. Quelques jours plus tard, le romancier irlandais Sir Mulligan reçoit la visite de son notaire qui lui annonce qu’il est l’héritier de tous les biens de Brasov, pour lequel il est de notoriété publique qu’il a toujours eu une profonde aversion. Mulligan tombe des nues : il n’a que faire d’un château transylvanien et n’envisage pas d’accepter l’héritage. Pourtant, le notaire l’appâte en lui expliquant que la bibliothèque de Brasov est garnie d’une collection d’originaux des plus grands écrivains de la littérature fantastique : Poe, Doyle, Maupassant, Lovecraft, Stocker… et il le prouve en lui donnant à examiner un ouvrage. Aussi troublé que concupiscant à l’égard d’un tel trésor, Mulligan accepte le voyage. Il prend néanmoins ses précautions, en demandant au détective MacKinley de l’accompagner, en tant que garde du corps. Mulligan se méfie de Brasov et de sa mystérieuse invention, le « psychénographe ». En outre, aucun des écrivains cités au catalogue de la bibliothèque, pour la plupart encore en vie, amis et collègues de Mulligan, ne se souvient avoir écrit lesdits romans. Dès leur arrivée, les deux hommes sont confrontés à une succession d’évènements fantastiques…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le Duo Philippe Chanoinat et Frédéric Marniquet réitère chez Delcourt une recette qui n’avait guère convaincue chez Albin Michel (avec 4 tomes de La brigade de l’étrange). Le créneau est pourtant riche en potentiel : dans un cadre post-victorien (fin XIXe / début XXe), deux enquêteurs partent en Transylvanie (où par définition il fait toujours lugubre), où ils sont confrontés à des évènements surnaturels au possible. Et pour cause : ils croisent la plupart des créatures infernales imaginées par les grands écrivains inventeurs du genre fantastique, à cette époque : le ptéranodon de Conan Doyle (dans Le monde perdu), le Dracula de Bram Stocker, le Dr Jekyll (sans Mister Hyde) de Stevenson, le Fantôme (de la rue morgue) d’Edgar Poe, L’homme invisible d’HG Wells, etc. La problématique s’amarre ainsi aux grands mythes du genre, mais hélas, en leur attribuant des raisons d’être dignes d’une série Z, amenées de manière poussive, à la fois dans la narration et dans la mise en scène. Entre chaque séquence grand-guignolesque, les contingences fantastiques donnent essentiellement l’occasion aux deux moustachus héros de deviser sur leurs hypothèses d’explications, en fumant la pipe en gros plan. En outre, malgré sa limpidité, le dessin de Marniquet demeure parfois maladroit, manque souvent de profondeurs et surtout, il ne permet pas d’accorder l’ambiance d’épouvante requise pour ce type de récit. Dommage, car le dessinateur montre un dessin en net progrès depuis la Brigade. Espérons que les deux autres tomes envisagés gommeront ces imperfections.