L'histoire :
Le souvenir de sa femme Kathy hante Yann, au cœur du trafic d'opium auquel il participe dans les provinces du nord de l'Afghanistan, en 2006. L'homme qui le tirera d'affaire n'est autre que Constantin, qui rend aujourd'hui visite à son père dans sa maison de Brocéliande. Alité et souffrant, le vieil homme, qui n'a jamais été proche de Yann, apprend de nouvelles choses sur le jeune homme et sur ses origines, découvrant des secrets au delà de ce que lui-même avait caché. Au même moment, au Vatican, un adjudant se donne la mort, le canon du revolver dans la bouche, comme si ses gestes étaient contrôlés à distance. Lorsque le Cardinal Malfi apprend qu'un vol a eu lieu juste, après le meurtre, dans une des salles les plus protégées de Rome, par un homme en tenue de capitaine, il comprend immédiatement de quoi il retourne. C'est un nouveau coup de la Caballe, qui a cette fois dérobé le denier de l'Ange, le plus puissant de tous, celui qui contrôlerait tous les autres s'ils étaient rassemblés près de lui. La cardinal va alors décider de se rendre au prieuré de Ste Baume, pour y demander l'aide de l'ordre des religieuses qui y vivent. Elles seules peuvent comprendre le risque que l'église de Paul court si le denier tombe entre les mains de ceux qui, depuis 2000 ans, tentent de lui nuire. De la mort de Jésus sur la croix, aux grandes rivalités qui avaient convergé dans la Florence du XVème siècle, les forces en présence vont s'affronter pour un ultime enjeu de pouvoir.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jean-Pierre Pécau s'appuie une nouvelle fois sur la puissance graphique d'Igor Kordey pour une intrigue foisonnante aux références historiques innombrables. Cette quête actuelle, qui prolonge un mystère vieux de plusieurs siècles, mêle les légendes ou les mystères qui foisonnent autour de Jésus et de Judas, et donne une lecture pleine d'érudition sur les grands affrontements qui agiraient encore au sein de l'Eglise. Appuyées depuis le tome 4 et ses révélations sur l'origines des régents, les références à l'histoire de Florence sont approfondies ici, tout comme les révélations intéressantes sur le passé de Yann. La patte du duo Pécau Kordey est comme toujours très particulière, violente et trash, exubérante et criarde, que ce soit dans les cervelles qui explosent ou les couleurs chatoyantes du camion afghan des premières pages. Kordey continue de remplir ses pages de détails foisonnants, mélangeant parfois des photos retraitées à son coup de patte très reconnaissable. Une jeune femme plantureuse au milieu de l'album constitue un nouveau clin d’œil du dessinateur à son maître Richard Corben, aussi inutile qu'évident ! Dire que la clôture de l'intrigue répond à toutes les pistes ouvertes est un bien grand mot, même si Pécau boucle son affaire de manière très professionnelle. Le choix du scénariste de s'appuyer très rarement sur la psychologie de ses personnages a pour conséquence de miser tout sur la puissance de son intrigue. Et lorsque, comme ici, de nombreuses pistes restent ouvertes à l'apparition du mot fin, on apprécie la promenade ésotérique à travers les siècles, mais on n'en garde pas un souvenir très marquant.