L'histoire :
En 1929, l'actuelle Corée (Joseon) est occupée par les japonais depuis des années. Gyeongseong en est la capitale, fondée sur les ruines de l'Empire coréen. C'est dans cette ville que vit Arisa Jo, une jeune femme d'une grande beauté, aux sourcils incroyablement fins. Elle a les cheveux courts et va au lycée. D'ailleurs, ce jour-là, en sortant du lycée, elle tombe nez à nez avec Jun Seomoon. Elle lui demande ce qu'il fait là. Il s'avère que Maître Jo, le père d'Arisa et riche marchand, lui a demandé de la raccompagner après les cours. La jeune femme se moque de Jun Seomoon : pourquoi appelle-t-il Mr Jo « maître » ? C'est comme cela qu'on parle à la campagne ? Arisa a peu d'amis au lycée, mais tout le monde sait qui elle est. Jun, lui, n'évolue pas dans le même monde. Son père est l'héritier de la seule famille yangban du petit village de fermiers. Il détestait la modernité et l'alcool venait combler sa dignité perdue. Alors que Jun n'avait que sept ans, son père, saoul, s'était disputé avec un officier japonais qui l'a battu à mort. Sa mère avait dû l'élever seule, dans la pauvreté. Ils ont été sauvés par Mr Jo, qui était un ancien étudiant du défunt père de Jun. Dans ce climat, le Japon impose la loi de l'occupant et l'occident diffuse une culture plus moderne. Arisa Jo et Jun Seomoon sont bien différents. Ils n'ont pas le même mode de vie, ni la même culture...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après le très prenant titre Le ciel pour conquête, Yudori propose le premier tome d'une nouvelle série. L'édition est soignée, avec un joli dos toilé. L'autrice explore dans ce premier volume la période des années 1930 en Corée. Le pays est alors sous occupation japonaise. L'occident commence à exporter ses influences culturelles. Au milieu, les Coréens sont en proie à des conflits intérieurs violents. L'histoire se concentre sur deux personnages, Arisa Jo, la fille d'un riche marchand, et Jun Seomoon, héritier d'une noblesse déchue. Le père d'Arisa l'a pris sous son aile, ils sont donc condamnés à se croiser quotidiennement. Une certaine fascination mutuelle commence ainsi à se créer... Cela viendrait-il confirmer la phrase selon laquelle « les opposés s'attirent » ? Contrairement à son précédent album, l'autrice fait le choix de la couleur. Le dessin est toujours maîtrisé, la colorisation apporte une autre nuance : moins de précision, mais davantage d'immersion. De nombreuses planches permettent d'entrevoir les pensées intimes des personnages, qui ne s'expriment pas à travers des bulles. Malgré une partie graphique réussie, le scénario peine à convaincre. On sent que l'autrice veut immerger le lecteur dans la culture coréenne (elle s'attarde d'ailleurs régulièrement sur la cuisine du pays) et elle la partage à travers les vêtements ou l'architecture. Mais les personnages deviennent agaçants. On a du mal à s'y attacher. La lecture se termine avec un sentiment mitigé : que se passe-t-il réellement dans ce premier tome ? Que retenons-nous de la relation entre les personnages ? Difficile de le déterminer...
