L'histoire :
Jusqu’alors, Ève vivait dans un coin montagneux et sauvage des Alpes suisses. Mais elle vient d’être mutée dans une grande ville, où elle sera logée dans un appartement exigu. Elle ne peut donc pas emmener avec elle son chien Bernie, un bouvier bernois. Elle lui a donc trouvé un nouveau propriétaire, un vieil horloger appelé Walter Weiss. Elle confie ainsi un beau jour Bernie à Mr Weiss, qui emmène Bernie à pied du point de rendez-vous jusque chez lui. Chemin faisant, il entreprend, à l’intention du chien, la liste des règles à adopter, désormais. Bernie est docile, donc il écoute et retient. Mais il ne peut s’empêcher de fourrer sa truffe à travers une haie, parce que son instinct lui dit qu’il y a un truc qui l’attire, là. Bernie se retrouve alors nez à nez avec une sorte de sorcière coiffée d’une tête de squelette de bouquetin. L’étrange créature lui insuffle alors une minuscule pastille luisante dans le museau… et Bernie s’en retourne auprès de son nouveau maître, qui lui tire d’un coup sec sur la laisse. Enfin au village, le chien découvre la boutique d’artisan de Mr Weiss, sa nouvelle demeure, située en face d’une autre boutique appelée « la boutique des souvenirs ». Et tandis que Walter Weiss continue son soliloque explicatif, Bernie découvre l’atelier et ses cadres de photos anciennes, ainsi que la zone de boutique, qu’il devra consciencieusement garder la nuit. Mais alors que la première nuit est calme, Bernie assiste à un phénomène surnaturel…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le titre est explicite sur le caractère ésotérique et onirique de cette histoire, qui tire vers le conte, plutôt pour adultes. Le narrateur principal est un chien qui partage ses pensées avec le lecteur. Bernie le bouvier bernois (il tient à son appellation complète) change de propriétaire et devient le vecteur d’un phénomène surnaturel, qui convoque un certain fantôme du passé de son nouveau maître. A travers cette histoire pleine de rondeurs et de bonnes vibrations, Phicil aborde tout de même des questions sous-jacentes de société et il fait une métaphore de la Shoah et de l’antisémitisme. En flashback, en effet, une famille émigre pour fuir son sempiternel harcèlement, et il est question d’une guerre lors de laquelle des « Taliens » s’allient à des « Arlomands »… Mais il est aussi et surtout question d’une histoire d’amour qui transcende le temps et la mort. Une histoire de fantômes, en somme, à grands renforts de nostalgie et de poésie. Le dessin semi réaliste de Phicil est adapté au ton du conte, cohérent et doux, avec souvent un grand soin apporté aux décors et une gestion réussie des séquences surnaturelles. Il se complète d’un nuancier restreint de couleurs, lui aussi parfaitement adapté à l’ambiance du conte pour adultes.